Présenté comme la plénitude de l’amour du prochain d’après
Simone Weil, le mot « tourment » revient avec la comptine :
« Ah ! Vous
dirai-je, maman,
Ce qui cause mon
tourment. »
L’expression frôle la désuétude littéraire, à
l’opposé des « questata ? »
De littérature, il est question, sans surplomb, ni abus de
références, mais comme tentative de dire l’indicible : la narratrice
accompagne sa copine dans sa dernière ligne droite.
« Ce qui attire
le lecteur d’un roman, c’est l’espérance de réchauffer sa vie transie à la
flamme d’une mort dont il lit le récit, a dit Walter Benjamin. »
L’humour n’en prend que plus de vigueur :
« Dieu est Mort –
Nietzsche ;
Nietzsche est mort - Dieu »
quand devant l’évidence :
« L’enfer c’est pour les autres »
Le monde devient plus beau au moment où se pointe la
nuit :
« L’heure dorée,
l’heure magique, l’heure bleue 1 (en français dans le texte traduit de l'anglais) ».
Difficile de s’en sortir :« Tous ces livres
sur l’atrocité de la vie moderne, dit-elle, dont une grande partie est
brillante, je sais, je sais, tu n’as pas
besoin de me le dire. Mais je n’ai pas envie d’en lire davantage sur le
narcissisme et l’aliénation, la futilité des relations entre les sexes. »
Et le vieil instit ne peut être que ravi :
«.. le fait que
quelqu’un veuille m’apprendre des choses, qu’on s’intéresse à ma calligraphie,
à mes bonhommes bâton, aux rimes de mes poèmes. C’était de l’amour […] et cet
amour signifiait plus à mes yeux que l’amour de mes parents, car mes parents
exagéraient la moindre chose positive… »
« … pour moi le
seul lieu sacré était l’école, l’endroit de l’espoir, de la gratitude et de la
joie. »
250 pages d’une richesse qui n’a pas besoin de se faire
reluire, honorent le titre par le récit de tant d’autres vies croisées :
« Elle n’aimait
pas se souvenir qu’elle avait été jeune, disait-elle ; elle ne s’en
sentait que plus vieille. »
Maintenant je me dis que la transmission est une affaire de personnes, et non pas d'institutions. Si on se souvient que la famille est bel et bien une institution, cela permet d'avoir une autre idée sur ce dont il est question. Les institutions peuvent bien ou mal offrir un cadre où la rencontre peut avoir lieu, mais c'est tout. Elles ne garantissent rien.
RépondreSupprimerDans ma vie, j'ai rencontré des professeurs exceptionnels, dont certains ont passé des heures en tête à tête avec moi dans leurs bureaux (et oui, c'était une autre époque), et ces rencontres ont été aussi déterminantes dans ma vie, à leur manière que la rencontre avec... mes parents. Si. On a du mal à le croire, mais c'est vrai.
Un enfant... n'appartient à personne. Pas à lui-même, pas à ses parents, pas à l'institution scolaire, à ses professeurs, mais pas non plus à la société. Un enfant... n'appartient pas, comme chacun de nous, adulte ou enfant, ne s'épanouit pas dans le champ de la propriété. Credo. Il y a des champs appropriés pour l'appartenance, mais... la vie est trop fluctuante pour rester figée dans des champs...