L’ancien guévariste désormais davantage mis en valeur par « Causeur »
que par « Le Monde » est l’un des piliers d’une génération qui lisait.
« La Nature est
un temple où de vivants piliers
Laissent parfois
sortir de confuses paroles
L’homme y passe à
travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec
des regards familiers. »
Baudelaire
Mais plutôt que l’image imposante religieuse et statique de
la colonne ou du poteau, les mots du vieux monsieur paraissent préférables pour
présenter ce livre d’hommages :
« Fût-il en fin de
carrière ou de vie, un cadet de l’art d’écrire ne saurait déménager à la cloche
de bois sans régler ce qu’il doit aux grands aînés qui l’ont, à leur insu,
incité à poursuivre ou à tenter de rebondir. Tous les écrivains abritent au
fond de leur cœur des passagers plus ou moins clandestins, souvent de la
génération précédente, qui font pour eux office d’incitateurs ou d’excitants.»
Les 186 pages d’un auteur familier, dont j’attends toujours
avec gourmandise la prochaine production, renouvellent le genre respectueux avec
subtilité et humour.
De Julien Gracq,
« quand
l’époque est à l’hirsute, le rebelle est boutonné»
à Céline :
« D’être adoré de
tous, il serait aujourd’hui bien embêté, notre béni-non-non, lui qui aimait
tant être détesté de tous. Il nous cracherait son mépris à la gueule mais son glaviot
serait encore, pour vous et moi, comme une décoration.»
A propos de Mauriac :
« Avec le fil à
plomb d’une foi, le démon politique n’abime pas trop ceux qui peuvent
« rompre avec ce monde tout en y combattant » quitte à courir du scoop à
l’évangile aller-retour. »
Entre Aragon, Cordier, Gary, Genevoix, Giono, Sartre ou
Yourcenar, des digressions en de courts chapitres concernant le protocole, les
voyages… sont délicieuses.
Je pioche au hasard tant chaque phrase allie le style, en principe de
droite et les idées en principe de gauche:
« Les gens de mon
bord me rasent dès qu’ils prennent la parole, tant ils aiment faire la
morale ; l’autre bord, plus déluré, me fait bicher malgré moi, tant qu’on
ne parle pas des prochaines élections. »
« C’est
Stendhal, l’homme France et non l’auteur de La Légende des siècles.
Nos
prétentions à l’épique, au lyrique, au légendaire ne sont plus de mise-sauf
enflure et grandiloquence. »
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