mardi 3 octobre 2023

Sex Story. Philippe Brenot Laeticia Coryn.

J’aurais aimé jouer avec les mots pour dire que ce livre, qui ne se lit pas d’une main, était à mettre entre toutes les mains.
Le propos a surtout une visée pédagogique, mêlant habilement le récit des évolutions des mœurs au fil des siècles et des anecdotes éclairantes à propos de Casanova ou Sade mais aussi de Cléopâtre ou de la reine Victoria.
Quant à présenter ce volume de 200 pages à mes petits enfants, je ne sais si ce serait à moi de le faire, bien que cette histoire de la sexualité soit essentielle pour comprendre l’histoire de l’humanité. 
« A  l’âge de 11 ans, un adolescent sur deux a déjà vu une scène pornographique. » 
Un : à onze ans il ne s’agit pas d’un adolescent.
Deux : ce livre n’est pas pornographique, même si les scènes de coït abondent.
Ces représentations longtemps tabous, traitées en ligne claire, ne dégagent pas un érotisme tel qu’un dessinateur comme Manara sait en jouer. 
Elles s’insèrent dans un ensemble didactique.
Des citations de Boucher, Ingres, Manet agrémentent des pages denses démentant des idées reçues : la ceinture de chasteté daterait plutôt de la Renaissance que du temps des croisades alors que « le droit de cuissage » n’apparaît pas dans les archives.
Par contre j’ai appris que jadis des municipalités, des seigneuries, des monastères possédaient des bordels. 
Quand arrive le chapitre concernant le XX° siècle, l’expression : « c’était mieux avant » n’est pas de mise, mais l’avenir envisagé laisse entrevoir une déshumanisation inquiétante, même si en 2060 les représentants à l’ONU de l’Iran et du Yémen s’embrasseraient sur la bouche après l’adoption de la dépénalisation de l’homosexualité. 

 

1 commentaire:

  1. C'est marrant comme ce poste tombe juste dans mes réflexions ce matin...
    Nous avons des représentations ras les pâquerettes de la "sexualité" et nous sommes en train de sombrer avec notre militantisme... didactique. Je dis bien "militantisme". Je me souviens encore de l'époque où mes enfants étaient jeunes adolescents au collège, et où l' "EDUCATION sexuelle" se résumait à des cours en SCIENCES NATURELLES avec des graphiques, des EXPLICATIONS pour parler de la reproduction (et surtout... comment NE PAS (SE REPRODUIRE...)). A l'époque j'étais perplexe que le professeur de français ne soit pas au rendez-vous pour présenter a minima l'abondante littérature érotique qui mettait en valeur l'amour érotique entre l'homme et la femme (et oui, je ne fais pas l'apologie pour les moeurs grecs). En plus du cours de sciences naturelles, le PLANNING familial était invité, bien entendu, car il était de rigueur d'endoctriner les bambins à l'idée qu'un enfant, il fallait à tout prix le planifier afin de mieux CONTROLER les naissances pour le bien de la société. "Un enfant quand je veux, si je veux." Y a t-il une publicité plus mensongère que celle là ? (Je l'ai découvert plus tard, à mes dépens, d'ailleurs.) Il s'agit de rien de moins qu'une sombre INGENIERIE SOCIALE, bien enrobée pour qu'on n'y voit rien, et pour notre plus grand bien, bien entendu.
    Quoi de mieux pour tuer l'amour érotique, non ? Pour achever le plaisir aussi, pendant qu'on y est... C'est fou, quand on prend les armes pour chasser le puritanisme, il revient au galop, mais sous un autre déguisement. Un peu comme Dieu, d'ailleurs.
    Et pour le projet... social de faire l'éducation de notre jeunesse (merci Laclos, pour "Les liaisons dangereuses"), histoire de tous nous déniaiser pour qu'il ne reste pas un innocent ? un non initié dans le lot, hommes et femmes, je n'approuve pas.
    Voilà ce qui arrive quand la pulsion de tout amener à la Lumière ("révélation" pour le mot grec) n'est PAS CONTROLEE. S'il y a bel et bien une pulsion à contrôler, c'est celle-là, pour laisser notre sexualité un peu loin des projecteurs, et nous permettre de nous reposer un peu.
    Faut-il s'étonner que la jeunesse soit si cynique, si blasée dans nos contrées, avec des adultes tutélaires (et des institutions...) aussi toxiques ? Nous sommes terriblement coupables, même avec de si bonnes intentions, d'ailleurs. Cela ne nous excuse point.
    Je ne m'en étonne pas du tout.

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