samedi 7 octobre 2023

Les deux Beune. Pierre Michon.

Ce sont deux rivières en Dordogne, bien décrites en 150 pages poétiques baignées de pluie.
«…  un brouillard dense dérobait à mi-jambe les arbres, scintillants mais drapés, cagoulés, harnachés comme pour un sacrifice. Je revois ce brouillard ; je revois ce fourreau que tissaient les eaux perfides et tricoteuses de la Beune, et qui le long de la falaise montait gainer les peupliers, l’auberge, l’église. » 
Elles coulent en bas du village où est nommé un jeune instituteur qui fantasme sur la buraliste.
Ce livre se voulant hors du temps nous épargne les outrances féministes de l’heure, mais la description redondante d’un désir mâle univoque censé être original au départ, ramène à une voix masculine datée. 
« Elle lâcha le flipper, elle tourna les talons et vivement amena dans le brouillard ses façons de glamour, ses aplombs de grue, son fourreau de nuit sous quoi régnait, absconse, absolue, la fente considérable. » 
Me conviennent mieux des mots choisis pour saisir un sourire qui 
« n’était pas une peinture de guerre, cette réclame ou ce bouclier d’ivoire… » 
mais plutôt  
« cet arc en ciel de l’âme, changeant, vibrant. »
Les métaphores sont nombreuses, alors je ne peux m’empêcher de me souvenir que la quintessence des saveurs campagnardes contenue dans la tartiflette peut s’éventer au bout d’un moment, et le plat de fête devenir bourratif. 

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