Le titre convient parfaitement à cette tragicomédie pennsylvanienne : il s’agit
du surnom de la maison funéraire appartenant au chef de famille par ailleurs professeur féru
de décoration et de jardinage.
Et tout est de cet acabit : ambiguïté des
sentiments à l’égard d’un père dont l’homosexualité est révélée petit à petit
comme l’affirmation du lesbianisme de la narratrice.
Les citations de Joyce, Colette, Proust, Fitzgerald, James,
en territoire littéraire commun à deux générations donnent de la profondeur
à un récit autobiographique moins fort cependant que Maus ou Persépolis évoqués
en quatrième de couverture.
Il est affirmé également que l’une des plus grandes
révolutions du XX° siècle est celle des genres sexuels, alors que sur 240 pages
la révélation cernée de non-dits de leurs penchants sexuels est subtile,
affirmée, mais pas gueularde.
« A dix ans,
j'étais obsédée par le fait de préserver mon journal de toute inexactitude.
Mais avec l'âge, les faits bruts cédèrent aux caprices des émotions et des
opinions. Une fausse humilité, une calligraphie énervée et l'auto-dénigrement
vinrent obscurcir mon témoignage... »
Dans ces années Nixon, le puritanisme est présent, mais
cette famille ne me semble pas malheureuse.
« Notre maison était
une colonie d’artistes. Nous mangions ensemble mais consacrions le reste du
temps à nos quêtes personnelles et dans cet isolement, notre créativité prenait
un tour compulsif. »
Cette relecture du passé est nuancée, contradictoire, et
nous interroge aussi sur l’art, nos vies avec les livres, les apparences, les
distances entre ville et campagne, entre adultes et enfants…
« - Les voies du
seigneur sont impénétrables.
- Ça n'a rien d'impénétrable! Il s'est tué parce que c'était un pédé honteux maniaco-dépressif qui ne supportait pas de vivre une seconde de plus dans cette petite ville bornée. »
- Ça n'a rien d'impénétrable! Il s'est tué parce que c'était un pédé honteux maniaco-dépressif qui ne supportait pas de vivre une seconde de plus dans cette petite ville bornée. »
Tout cela me semble bien petit, sans la moindre envergure, ni ambition. Digne d'une civilisation qui s'enfonce rapidement maintenant dans une décadence dont elle est pleinement consciente. Triste, mais pas tragique, car nous ne sommes plus capables d'une conscience tragique. Nous tombons, en nous accrochant aux rideaux. Je m'abstiendrai, ne me sentant pas l'obligation d'être ouverte...
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