«Lorsque tu ôteras la poutre de ton œil,
alors tu verras clair pour ôter la paille qui est dans l’œil de ton frère. » Matthieu
Comment ne pas entretenir des défauts qui nous hérissent
chez les autres ?Ainsi en est-il, en ce qui me concerne de la tendance à
généraliser voire à essentialiser.
C’est que la tentation est grande quand un fait mineur donc original
semble significatif de l’époque.
Ainsi je voyais volontiers comme accélérateur de
l’individualisme contemporain, l’émission des années 2000 « C’est mon
choix » d’Evelyne Thomas où s’exhibaient : « Je m’habille comme
ma fille », « Je suis un macho », «
Ma passion passe avant ma femme ».
Elle fut choisie pour incarner
Marianne dans les salles des mariages, son influence était peut être plus grande que celle des plus pertinents éditorialistes.
J’aime aussi voir un basculement des valeurs lorsqu’ « intello »
a été admis comme une injure. Dans la même veine, l’abandon de la matinée du
samedi a signifié que l’école n’était plus maître du temps.
Nous ne savons anticiper les déplacements tectoniques alors
de petits signes peuvent obséder.
Ceux qui échapperaient aux passions de l’heure, ne savent pas
forcément mieux analyser les séquences longues.
Le mouvement des lumières a débouché sur la révolution
française, dont même la devise liberté, égalité, fraternité est mise à la
question aujourd’hui.
Vers quelle obscurité allons-nous, depuis que nous sommes
sous pseudos, sous masques, sous voile ?
Notre planète aplatie, en voie d’effondrement, n’est plus au
centre du monde depuis Copernic mais suivre cette pente funeste nous
dispenserait de réagir comme le lancinant constat de l’école en tant que
matrice des inégalités serait l’alibi à tous les renoncements.
Le désespoir démobilise alors que ChatGPT est une chance, si
on ne suit pas ce collégien: « A quoi bon apprendre, tout est sur Internet ».
Relever des paradoxes me parait toujours fécond et ne me
dispense pas de répercuter une critique contre l’abus d’écrans par écran interposé, vautré dans la contradiction.
Comment célébrer la réflexion, la créativité sans se cacher
derrière son pouce à scroller ?
Wikipédia est le Larousse d’aujourd’hui, mais la chèvre de
Monsieur Seguin,
« et ses longs poils blancs qui lui faisaient une
houppelande »
procure plus d’émotions que bien des algorithmes.
Fatigué des tics d’aujourd’hui, je ne peux me couper des
tik-tok, je viens de voir un de mes amis en train de perdre ses mots dans la douleur de ne plus pouvoir s'exprimer. Si je
dois bien chercher pour trouver un titre de film ou de spectacle qui serait dans
la langue de Dujardin cela reste anecdotique, mais nos répertoires s'appauvrissent, notre langue n'est plus à la mode que ce soit dans le tram ou dans les lieux branchés.
Je me sens « out », exclu, quand un évènement
lyonnais se présente ainsi :
« des talks pas
chiants, des masterclass pas pompeuses, un playground illustré, des
courts-métrages animés, des concerts augmentés, du tatouage, des battles
d’illustrateur·rice·s et plein d’autres chic formats. »
Le vieux dauphinois "y " est allé, nous avons fait une partie de baby-foot, il y
avait beaucoup de monde aux Subsistances.
« Les mots qui font fortune appauvrissent la langue.» Sacha Guitry
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