samedi 21 octobre 2023

Mon maître et mon vainqueur. François-Henri Désérable.

 
« Est-il sensible ou moqueur,
Ton cœur ?
Je n’en sais rien, mais je rends grâce à la nature
D’avoir fait de ton cœur mon maître et mon vainqueur »
Verlaine dont le titre est tiré d'un de ses vers était inévitable pour une histoire d’amour fou entre deux fous du poète : Vasco conservateur à la BNF et Tina mère de jumeaux en passe de se marier avec un autre.
Poétique, drôle, bien que la distanciation permise par le récit dans le bureau d’un juge alourdisse à mes yeux ces 200 pages, d’autant plus brillantes que les histoires d’amour, comme disent la chanson, finissent… en hématome. 
« Le sonnet, c'est un peu comme l'amour conjugal : sa beauté naît des contraintes qui lui sont inhérentes. Pour le sonnet : nombre invariable de vers, invariablement répartis en deux quatrains suivis de deux tercets, nombre équivalent de syllabes pour chaque vers, alternance des rimes féminines et masculines, etc. 
Pour l'amour conjugal : pesanteur du tête-à-tête quotidien, inévitable effet de routine, inopportune irruption du trivial, etc. Et c'est en dépit de cela qu'il faut tirer du beau, voire du sublime - et c'est, inversement, ce qu'il y a de si grisant mais aussi d'un peu facile dans le vers libre et l'adultère… » 
Au cours d’une lecture jubilatoire, nous apprenons qu’à l’hôpital psychiatrique sainte Anne, en plus de l’inévitable allée Verlaine, il y a la rue Van Gogh, et celle nommée Gérard De Nerval, « Soleil noir de la mélancolie » qui débouche sur le parc Charles Baudelaire, l’auteur du Spleen.
Au cimetière Montmartre à côté de la tombe de Stendhal : 
« …  il y en avait une autre, sur laquelle on pouvait lire :Robert L. (1923-2006), époux de Nicole L., née J. (1932-20  ). » 
Les nombreuses allusions littéraires coulent de source dans un contexte où le drame fait sourire : 
«  Et qu’est ce que la vie, disait Vasco, si l’on y songe un instant ? 
Des petits bonheurs éphémères, dominés par d’insondables chagrins »
Pagnol disait :  
« Telle est la vie des hommes. 
Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins
Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. »
J’avais retardé la diffusion du « Château de ma mère » à mes petits enfants pour que soit divulguée le plus tard possible cette sentence.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire