Vendredi dernier, à l’échéance de ma publication
hebdomadaire de bavardages politiques, je n’ai pas publié de texte, j’ai pas pu.
Face aux rumeurs et aux clameurs, les mots manquent quand
toute pensée est ensevelie.
Sur ce blog, j’essaye de ne pas délivrer de trop contreproductives
leçons; il ne me reste qu’à plaindre profs et parents qui se doivent
d’expliquer l’innommable.
De beaux textes se sont multipliés, mais je retiendrai que
« Le Monde » a titré « terrorisme islamiste » et une
représentante du SNES a utilisé aussi cette expression auparavant taboue pour certains. Panot n’a pas les
mots : l’ignominie de la responsable des Insoumis à l’assemblée refusant
de qualifier les auteurs du dernier pogrom en a peut-être poussé quelques autres
à désigner clairement les choses.
Boko Haram est
explicite dès son intitulé qui signifie : « l'éducation
occidentale est un péché ».
« Depuis
six mille ans la guerre
Plaît aux peuples
querelleurs,
Et Dieu perd son temps
à faire
Les étoiles et les
fleurs. »
Victor Hugo
L’inconcevable barbarie ne se dissout pas dans le progrès
technique: depuis toujours au cœur des hommes, elle s’accroit chaque jour,
favorisée par les marées cliqueuses.
Dans l’actualité de cette mi-octobre devenue une liste des
horreurs, n’était pas encore venu s’insérer le poignard de l’assassin d’Arras,
alors que les sables du Néguev avaient déjà ajouté une couche à nos découragements.
Les terres brûlées des Dieux uniques obscurcissent nos
horizons : rendez nous Zeus et Vénus !
Palestiniens et Israéliens s’accordent pour aggraver leurs
situations et l’idée même de discussion apparait plus vaine que jamais,
ridicule. Les dessins où se tiennent par les épaules un enfant à kippa et un
autre à keffieh sont dérisoires, voire niais.
Les trop chrétiens arméniens du Haut Karabagh, affamés
depuis des mois, passent furtivement en bas de nos écrans, réfugiés parmi les
réfugiés.
La déraison est sans frontières : alors que le
Président en Corse ouvrait un chemin de conciliation, lors d’une « nuit
bleue » de plus, explosaient quelques résidences secondaires d’impurs
continentaux, sans que soit émise la moindre protestation des Indignés patentés.
« La France, soit tu l’aimes soit tu la quittes »
était un slogan du Front National.
Quand « France » est remplacée par
« Corse » cela deviendrait-il progressiste ?
En marge de ce maelström d’inhumanités, « la cabane est
tombée sur le chien » comme on disait dans les matchs de rugby. La pittoresque expression
serait appropriée pour dépeindre
l’ensemble de nos accablements. Les réactions de Fabien Galthié refusant d’entrer dans
les critiques adressées à l’arbitre viennent confirmer les vertus de ce sport :
respect.
Dans le bain des moqueries, des dérisions, des satires, un
spot d’une campagne contre le harcèlement scolaire ne peut que s’éteindre
aussitôt qu’il s’allume. Le mépris devenu tellement courant dans les relations
permet aux dédaignés de jouer les victimes et d’insulter les autres. Les gilets
jaunes avaient illustré l’irrévérence contre l’indifférence, mais l’arrogance
n’a pas de camp : dans la provocation crachotante, il y a du Trump chez Mélenchon.
Comment croire en la
force des mots et des modes quand les informés Patrick Cohen et Anne Sinclair
s’étonnent que « Meetoo » ne soit pas connue en banlieue ?
Seraient-ils à ce point dans l’illusion de leur pouvoir, eux qui savent que de
trolls de types pensent que la terre est plate ?
La parole écologiste n’a jamais été autant répandue et
pourtant sert de repoussoir dans bien des contrées. Parler du temps qu’il fait
n’est plus anodin, mon atavisme paysan me fait souhaiter la pluie et bannir le
terme « beau temps » tandis que les thermomètres automnaux explosent.
Sale temps.
Pour ne pas me complaire dans le négatif comme tant de mes
compatriotes, il me plait d’évoquer un beau moment vécu à l’occasion d’une
soutenance de thèse portant sur les atteintes cardio-vasculaires chez des
enfants présentée par un jeune homme plusieurs fois opéré du cœur. Le sauvé est
devenu soignant et pas seulement des corps, il redonne un peu de vigueur à
notre foi en l’Homme. Au moment où l’humanité s’acharne contre elle même, les
exigences du jury faisaient plaisir et l’éternel serment d’Hippocrate a concerné
et ému ses nombreux amis dans l’assistance.
Je suis d'accord avec toi sur bien des points ici, Guy, mais...
RépondreSupprimerJe dis des fois à mes enfants, comme je pourrais te le dire aussi, l'école ne me semble plus être ce qu'il était au moment où eux/toi, vous étiez dedans. Ses ambitions ne sont plus les mêmes depuis très longtemps, maintenant. Il se pose un énorme problème dans ce cas de figure : que... CHOISIT-ON, être fidèle au mot "école", à l'institution qui continue d'évoluer avec le temps (je ne dirais pas forcément progresser...), où à ce que nous estimons être l'esprit qui doit être présent, incarné dans les institutions, mais que nous ne voyons plus ? Quel choix fait-on ?
Moi-même, qui ne fréquente l'Eglise qu'en marge, je suis mal à l'aise avec la manière dont l'école conçoit sa mission auprès des enfants, et je peux comprendre que certains parents soient mis à mal par ce qu'il leur paraît comme l'incompatibilité entre ce que les enfants entendent à l'école, auprès de personnes officiellement investies par les institutions républicaines pour faire... autorité, et ce que leur foi ? leurs convictions ? défend comme bien pour l'Homme, ou une conduite éthique et morale.
Evidemment, je suis effarée par l'échauffement des esprits qui conduit à l'irréparable, et qui me semble traduire un manque généralisé de respect, en dépit de tous ces tambours qui battent 24h/24 pour ce même respect.
Mais je vais répéter ici que je reste interloquée par le rôle de l'anticléricalisme dans l'identité de la République française, et maintenant, la République américaine. Pourquoi celles-ci s'appuient si lourdement contre la foi religieuse ? l'Eglise Catholique ?, même en lui attribuant des crimes dont nous sommes en mesure de savoir maintenant qu'elle n'est pas coupable ?
Sommes-nous si aveugles au fait que ces "crimes" de l'Eglise n'ont pas produit le même nombre de victimes que les idéologies réactionnaires qui datent... de la Révolution Française ? Pourquoi ?
Des fois on me parle d'objectivité, mais je vois que nous n'avons pas tous la même objectivité, n'est-ce pas ?
Pour les gentils dieux d'Olympe, je ne suis pas convaincue du tout. L'Homme (et oui, ça comprend la femme aussi...) est violent, poussé par des forces qui le dépassent et qu'Il a du mal à contrôler, d'autant plus que la société de consommation le pousse à ne pas se contrôler, au nom de la liberté.
Mais le baratin médiatique en temps réel n'est pas compatible avec le gouvernement, de soi, ou du pays. Credo.
Il y a plus de 10 ans je me disais que je voyais venir le moment où le peuple deviendrait... ingouvernable. Ai-je eu tort ?
J'ai eu un choc cette semaine, en lisant Jacqueline de Romilly dans son livre sur les sophistes à Athènes au temps de Périclès. En parlant de "démocratie", qui est un mot que ces Grecs ont très peu employé, elle a employé l'expression "démocratie modérée". Choc. Je ne m'étais pas rendu compte que je vois le mot "démocratie" employé toujours sans qualificatif. Pourtant, dans le texte de la grande dame, j'ai lu l'expression "démocratie modérée". Eclair de pensée !! Et oui, la démocratie peut être réactionnaire ? extrémiste ? modérée ? impérialiste, même ; tous ces qualificatifs peuvent s'y joindre.
Salutaire comme pensée, j'ai trouvé...