mercredi 30 novembre 2022

Nantes # 5

Avant de repartir, 
nous pouvons encore  inclure une virée à CLISSON et y voir l’exposition des œuvres d’Eva Jospin. Clisson se situe à une trentaine de kilomètres, que nous effectuons en voiture dans une circulation dense.
Plutôt connue pour le Hellfest,
son festival de musique métal, la cité possède aussi un riche patrimoine moyenâgeux et apparait comme un bourg paisible loin des fureurs de la modernité. 
De magnifiques et immenses halles du XIV° siècle sur un sol légèrement  en pente occupent le centre-ville. Elles servent encore aujourd’hui pour le marché, à l’abri de leur imposante charpente faite de chêne et le châtaigner.
A proximité, l’Office du tourisme s’est installé, il combine  tourisme et cave viticole (vente de muscadet).
Nous obtenons un plan et quelques informations concernant les centres d’intérêt  comme le pont de la vallée, le pont  Saint-Antoine, reposant sur des arches gothiques ou le château, aujourd’hui fermé.
Heureusement, nous pouvons accéder au domaine de la Garenne Lemot où expose Eva Jospin. Acheté par le conseil général en 1968, cette propriété du XIX°siècle s’étend sur plusieurs hectares.
Elle comprend :
- un grand parc à la disposition de joggers ou  aux promeneurs
- les  maisons du jardinier et du portier
- la villa Lemot.
Tout dans le domaine, s’inspire de l’Italie selon la volonté du baron François Frédéric Lemot. Rentré à Clisson après son 1er prix de Rome en 1790 en tant que sculpteur, il éprouve la nostalgie de ce pays, de son art et de son mode de vie.  Il veut recréer une villa à l’italienne en insérant dans les jardins des statues antiques mais désire quand même utiliser  des essences végétales endémiques.
La maison du jardinier  ressemble à une ferme de Toscane ou d’Ombrie, bâtie en brique, ouverte de baies cintrées  couverte de tuiles rouge et d’éléments architecturaux caractéristiques(loggia, galerie..).
Le baron confia sa conception à l’architecte du théâtre quartier Graslin, Mathurin Crucy. La villa de style néo palladien ne recourt pas à la brique, elle se distingue par sa cour d’honneur fermée avec une colonnade en hémicycle, un belvédère, une loggia  et une galerie. Derrière la colonnade, un jardin constitué de pelouses cernées par des allées, est ponctué  de statues et de cratères posés sur des socles.
Le résultat des gros travaux consentis  pour l’élaboration, les plantations du parc « naturel » et de l’architecture des bâtiments impressionna puis influença les natifs de la région de Clisson ; un style architectural italianisant se dégagea alors et se retrouve dans d’autres constructions.
L’exposition d’Eva Jospin se déploie à l’intérieur  sur les 2 étages de la maison: une vraie découverte !
Sculptrice, découpeuse, raboteuse de carton, elle imagine des utilisations de ce matériau, des savoirs faire inédits au service d’œuvres originales… 
Elle puise son inspiration dans les forêts («Les bois de la Gorgone »), dans  les grottes, dans les cités troglodytes d’Italie (Matera).
Les nymphées l’amènent à élaborer des architectures antiques, « des ruines d’une ville romaine sur deux plateaux rocheux où alternent arènes, pavillons, escaliers, bassins, colonnades et promontoires ».
Dans ses réalisations, la nature est toujours présente, un champ d’herbes  devient une histoire en laissant apparaître subtilement la trace d’un corps qui s’y serait allongé.
Pour présenter l’artiste, un film  montre ses expositions dans une cour au Louvre et à Montmajour. Nous la découvrons aussi  à travers des photos en plein travail, dans des situations qui prouvent un investissement physique et de la prévoyance face aux obstacles éventuels.
Nous ressortons de là enchantés. En redescendant vers le parc, une jeune italienne pétillante et mignonne nous demande la sortie, à croire que l’ODT nous a programmé cette apparition  juste pour coller à l’esprit et à l’ambiance voulus par Lemot ! Nous retournons tranquillement à Nantes.
Comme notre vagabondage prend fin demain, nous nous offrons pour notre dernière soirée un repas à la pittoresque Cigale, servi par un personnel portant le tablier noir d’autrefois.
Nous commandons du lieu grillé accompagné de rizotto noir recouvert d’une carotte jaune, une île flottante en dessert et un verre de muscadet.
L’établissement attire une clientèle variée, il se remplit immédiatement à chaque table quittée et débarrassée. Nous nous amusons de 2 messieurs à la table près d’une fenêtre qui se tapent la cloche avec un plaisir évident notamment devant un plateau de fromages bien approvisionné et une bonne  bouteille 75 cl dont il ne reste plus une goutte.
A la nuit tombée, nous  faisons un détour par l’île de Nantes, quai des Antilles. Nous peinons à nous garer même si peu de monde circule dans le quartier mais nous y parvenons.
Près du hangar à banane, « Les anneaux » de Buren modernisent ce lieu chargé d’histoire  maritime de la ville.
Dix-huit anneaux lumineux de couleurs différentes se succèdent dans un axe,  en enfilade, à intervalle régulier, et se reflètent dans la Loire tandis que l’ombre envahit les alentours, dessinant les silhouettes plus sombres des bâtiments.
Avec ce concept, la nuit s’accorde mieux à l’installation que le jour, et contribue à rendre l’ensemble très photogénique. Malheureusement la pluie et le vent s’invitent, ils  nous chassent vers la voiture puis vers la maison.
Demain, nous rentrons.

1 commentaire:

  1. Encore une belle promenade, d'un bout à l'autre. J'apprécie le rappel de l'Italie qui parfois me semble... si loin, si loin.
    Pas que cela ne m'intéresse de faire revenir la Rome pré-chrétienne, tout de même...

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