vendredi 25 novembre 2022

11 novembre.

Puis-je dire seulement que je m’interroge à propos des écoliers qui se sont exprimés en évoquant le 49-3 ou « Nuit debout » lors des cérémonies du 11 novembre à Grenoble, alors que c’est la consternation qui me tombe dessus ?
Je m’autorise à marquer mon désaccord avec ces enfants et ceux qui les conduisent au nom du respect envers les enfants instruit par 37 anuitées et demie passées auprès d’eux.
J’ai aussi le souvenir de commémoration de l’armistice l’année où De Gaulle est mort : j’avais fait réciter quelques poèmes pacifistes à des élèves, je ne sais plus si « Le déserteur » de Boris Vian faisait partie du lot.
Les enseignants qui ont validé les textes slamés devant le monument aux morts ont le mérite de ne pas considérer le 11 novembre comme un jour de congé supplémentaire et l’expression de leurs « disciples » lorsqu’ils évoquent les gilets jaunes et les violences systémiques de la police démentent les évaluations faisant part d’une baisse du niveau de l’école républicaine. Ceux-ci semblent être de fins connaisseurs de la constitution de la V° république, des prérogatives de la police et bien renseignés sur l’émergence de nouvelles formes de contestation politique aux couleurs plus flashy que le bleu horizon au début du XX° siècle.
J’ai eu au cours de ma carrière en tête les mots de Jules Ferry :
« Demandez-vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu’il vous entendrait dire. » 
Je ne prétends pas avoir dispensé un enseignement neutre, entre Bella Tchao et Gavroche, mais je n’aurai pas évoqué la réforme des retraites le jour où l’on se rappelle des 10 millions de morts entre 14 et 18, ni les marches pour le climat par égard aux gazés d‘alors. Fan des « Guignols de l’info », j’avais appelé mes élèves  au respect de la fonction de Président lorsque passant devant l’Elysée, ils rigolaient avec « mangez des pommes ! » Il y a longtemps.
Mais la prosternation devant chaque geste, chaque mot d’enfant est-elle la seule attitude possible ? Surtout que la spontanéité si mignonne des apprenants peut être mise en doute.
Je me retrouve avec un cadre familier à mes réflexions en pointant un paradoxe de plus que c’est dans un moment où l’histoire est fêtée qu’elle est niée.
Une attention flottante et un mol assentiment à tout ce que disent les bambins poussent un peu loin le mépris des anciens. La crédibilité écologique de Greta Thunberg a tendance à s’émousser, elle a dix neuf ans, maintenant ce serait aux CM2 de nous enseigner civisme et histoire ! 
Les parents se défendent et défendent leur porte-voix, hé oui un des récitants s’est demandé : « qu’est ce qu’on a fait de mal ? ». Voilà de nouvelles victimes du néo libéralisme esclavagiste et autoritaire.
 Le stock d’éléments de langage entrouvert lors de cette intervention est disponible et le nouveau catéchisme « La subversion pour les Nulpes » tu diffuseras.
Est-ce qu’esprit critique et avis contradictoires font partie de la charte des médias qui ne relaient qu’une seule voix ? 
Après quelques remous autour des bassines, voilà une tempête dans un verre d’eau de plus, où se joue pourtant la construction d’un citoyen éclairé, et réactive l’éternelle question de la sincérité et de la liberté.  
« Nous buvons de l'eau-de-vie, fade au goût comme du sang, brûlante à l'estomac comme un acide. C'est un infect chloroforme pour nous anesthésier l'esprit, qui subit le supplice de l'appréhension, en attendant le supplice des corps, l'autopsie à vif, les bistouris ébréchés de la fonte[…]Nous attendons l'heure H, qu'on nous mette en croix, abandonnés de Dieu, condamnés par les hommes. » G. Chevalier 

1 commentaire:

  1. Au risque de choquer, je m'interroge sur le... sens de ce pacifisme qui s'étale comme de la confiture pour atteindre tous les recoins de nos société, y compris dans les "villes apaisées" qu'on voit avec les radars à l'entrée des villages de montagne.
    A trop se gargariser d'un mot, il finit par perdre sa pertinence, son sens, je le crains. Il devient... propagande. On ne s'interroge pas assez sur les connivences entre "publicité" et "propagande". Vraiment pas assez.
    Pour les enfants, tout comme les vieux, on les gâte... Les anciens savaient ce que ça voulait dire. Peut-être qu'ils avaient leur expérience pour eux, pour leur faire sentir les dangers de "gâter".
    Les enfants gâtés... peut-être que tu vivras pour regretter que tu aies voté pour installer un enfant gâté (et pas un "père" en président de la République ? Qui sait ?
    En tout cas, je continue à.. marteler ? que j'estime que l'élection d'Emmanuel Macron à la place d'un père était un jour fatal pour la République, et ses élites...

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