L’écrivain, mis en scène en 220 pages délicieuses lues d’un
trait, est un velléitaire qui a de la suite dans les idées. Depuis le bord de la
piscine des voisins :
« Et pendant que
le chlore fera son œuvre, je me plongerai dans la mienne, Sol y sangre, poser
enfin les premiers mots, remplacer enfin le nom de ce fichier, inscrire en lettres
de feu Sol y sangre en lieu et place de ce roman sérieux neurasthénique et
froid. »
Il vient d’être largué par sa compagne et une de ses connaissance,
par ailleurs parent démissionnaire, ne va cesser de lui présenter des
remplaçantes potentielles, prétextes à des portraits très contemporains d’une
psychologisante, genre « tu as mal au dos parce que t’en a plein le dos »
ou de l’amatrice de théâtre butō : 4h 20.
« Je savais
qu’elle venait d’ouvrir pour la première fois la porte de mon petit débarras
personnel, celui qui abrite mes zones d’ombre et mes faiblesses, porte que
j’avais pris soin jusqu’alors de dissimuler derrière un grand tapis mural
coloré. »
Le titre signifie tout le contraire, le narrateur Alan est
un mou, fonctionnant à l’auto-dérision tendre, à la satire douce à propos des
apéritifs dînatoires, des centres de re-mise en forme, voire du monde
littéraire, des piscines ou des amitiés …
« Un jour cela
va mal finir, le méchant va réussir à occire le gentil et tout ça me semble un
assez bon résumé de la condition humaine et de son échec cuisant. Si les choses
étaient bien faites, si l’humanité avait un semblant de sens moral, dans un
darwinisme positif et bien pensé, en toute logique c’est le gentil qui devrait
étrangler le méchant. »
L’artiste à l’humour Allenien est reconnu : une
exposition lui est consacrée à Angoulême, « Mecque » ou
« Lourdes » de la BD,
Pourra-t-il conserver son charme de looser ?
« Mais qui lui a
dit que je voulais me construire ? Pourquoi ce besoin de construire ? Et si je
voulais, moi, rester en chantier jusqu'à la fin de mes jours, le sac de ciment
et la brouette toujours dans le jardin, en quoi ça la dérange ? »
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