Nous vivons dans des univers même pas parallèles :
classe sociales, générations, communautés, font monde à part. Il conviendrait
pour certain d’ajouter un rideau, un voile, une cloison entre homme et femme.
La diversité des pigmentations de peau ne fait plus la pub
(United colors) et le beau temps.
La notion de races est remise au goût du jour par les
descendants de ceux qui ont souffert de leur couleur. L’expression « ça
craint sa race » devenue banale comme les outrages à nos génitrices et à
nos génitoires jouent sur les mots et - on va dire- ajoutent de la vigueur à
notre langue.
Alors qu’est cultivée l’incertitude quant à l‘appartenance à
un sexe, l’interdiction pour un homme de se mêler à une conversation entre
femmes est d’un ridicule achevé.
A l’heure où les fatalités nous écrasent, « c’est comme
ça », il parait plus facile de changer de genre que de religion.
L’envie d’enfant semble plus forte chez ceux qui ne peuvent
en avoir, alors que les fécond.e.s boudent la maternité.
Je pensais avoir mis de la distance avec l’école depuis le
temps que je n’y pose plus mon cartable, mais le spectacle de deux mamans se
battant entre elles plutôt que de séparer leurs petits se heurte à mon
incompréhension. C’était à la fête de l’école où les responsables des parents
d’élèves dansaient la Zumba.
Une maîtresse demandant à des maternelles de dire bonjour
passe aux yeux de certains parents pour une sévère autoritaire, m’a-t-on
rapporté.
Je ne suis plus de ce monde. Est-ce que je vais m’interdire
de porter un jugement de peur de me situer en surplomb ? Je ne peux me résoudre
au silence dans la promiscuité de ceux qui s’autocensurent, ne parlent que sous
pseudos, « pas de vagues ».
Bien sûr j’ai renoncé à l’inopérant et agaçant « de mon
temps » et je sais que les fractionnements de la société, la
multiplication des singuliers, interdisent toute généralisation. Mais depuis mon
écran, je persiste à me donner l’illusion de participer aux débats et me permets de porter
des jugements sur les emballements médiatiques dominants.
Les mots sympas du prix Nobel de physique à l’égard de son
prof de terminale auraient pu servir l’image de l’école beaucoup mieux que les
états d’âme de Mbappé. On entend surtout les plaintes des acteurs de l’éducation
nationale via les journalistes, et bien peu, ceux qui se battent contre les prédestinations
sociologiques devenues l’alibi de toutes les paresses.
L’antienne de l’école-qui-creuse-les-écarts ne fige-t-elle
pas le problème comme un élève qualifié de fainéant va se conformer à cette
image ? Il me semble que l’on ne demande plus à l’école de tout régler, pourtant
l’obésité, la laïcité, les inégalités, le ludique, les « dys », le
poids des cartables, les cours de récré genrées, écrire, les menus hallalovégans, lire, les crocs-top,
compter, les JO, parcours sup', les chauffeurs de car, Internet, les familles monoparentales,
la poésie, l’acné, les tampons périodiques, la paperasse, l’écriture inclusive,
la surveillance des toilettes, l’activité physique, la verticalité, le sommeil, les écrans …
« Tant va la
cruche à l’autre qu’à la fin elle se case. » Bélinda Ibrahim
Je ne vais pas faire le mariolle en prétendant échapper au
confort de ma case dans le domaine culturel que j’ai le privilège d’avoir le
temps d’arpenter à loisir.
Concernant les livres, je n’ai jamais lu une ligne de Guillaume
Musso ni de Virginie Grimaldi, les plus vendus l’an dernier.
Il se trouve de surcroit que mes plans hebdomadaires de
cinéma rencontrent très rarement des films en tête du box office, et je ne
parle pas de mon ignorance la plus noire des nouveautés musicales.
Sur les
réseaux sociaux, j’évite certains personnages tout en regrettant comme d’autres
que les ordinateurs qui devaient nous rapprocher nous éloignent, préférant me
conforter entre proches que de me confronter à des anonymes. Quelques essais de
contradictions se heurtant à des surdités violentes se sont mués en timides
aboiements de loin.
« Un couple de
séparatistes basques vient de demander le divorce » Marc Escayrol
Je suis assez d'accord ? avec ton état d'âme, là, Guy, quoique je ne fréquente plus trop "la culture", par manque de goût.
RépondreSupprimerHier, en marchant, j'ai pensé encore une fois à une phrase qu'une amie m'avait sorti bien avant notre dernier épisode de folie collective, style implosion mélancolique (Covid) : elle m'avait soutenu avec impatience que "Dieu est mort".
Bon...
Il y a un petit problème avec cette phrase que Freud avait compris il y a longtemps. Ce problème révèle notre soumission aux lois du langage, soumission que nous n'allons pas lever, aussi inconséquents que nous voulons devenir dans notre dérive.
Pour dire "Dieu est mort", il faut d'abord poser le mot "Dieu".
Et c'est là qu'on voit....la soumission. J'emploie le mot "soumission" en lumière, si je puis dire, car je sais ce qu'il évoque dans nos têtes écervelées en ce moment.
Après, on peut passer plusieurs heures délicieuses, ou pas, à creuser les implications de ce que je viens d'écrire. Elles sont nombreuses.