Lorsque j’ai lu la critique de Colombe Schneck évoquant
Flaubert à propos de l'écrivaine d'Aurillac, je trouvais la comparaison un peu gonflée,
et puis en me relisant, j’ai vu que j’avais fait pareil.
Dans ces 144 pages, M. H. Lafon bouscule la ponctuation,
bannit toute fioriture et nous trouble pour mieux retrouver son univers nu.
Peu importe le cadre - cette fois un centre commercial - nous
sommes invités au cœur de la solitude, avec un homme de 33 ans dont la pauvre
existence est décrite en quatorze stations commencée par une puissante et
tendre scène d’ablution.
Mo pour Mohamed, prénom que portait déjà un frère mort, vit chez sa mère, et sa
sensibilité contredit une douce indifférence au monde.
Un certain
malaise peut nous étreindre, signe de l’efficacité de l’auteure, tant le
mystère de ce pauvre type reste entier même après le cri final, glaçant.
A
travers la description d’un morne quotidien, Mo enfermé sur lui-même tout en se
montrant accessible à ce qui nous échappe le plus souvent, nous est proche. A
chaque mot s’attache son contraire, ainsi la banalité va avec l’originalité,
comme l’étrangeté avec la platitude, la douceur et la violence.
Une fois encore avec une de mes romancières préférées je me retrouve en difficulté pour
extraire des morceaux de ses tableaux épurés, tant je ne saurai choisir entre
chair et minéral, pour dire l’amour et la haine, l’indifférence et le
dépassement, les contradictions : la littérature, la vie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire