dimanche 23 octobre 2022

Barulhos. Compagnie Malka.

J’ai bien aimé, même si le titre est trompeur, puisqu’il s’agirait en portugais des bruits du quotidien. Le spectacle d’une heure commence par le silence pour se continuer avec les stridences habituelles des musiques concrètes et des rythmes techno appuyés. 
A vrai dire, le silence initial n’est pas intégral : les frottements des vêtements rythment les mouvements.
Il y a bien quelques échos de manif, des déclarations tronquées en différentes langues qui rendent le propos aussi clair que lorsqu’on se trouve devant des panneaux en cyrillique. 
Mais par rapport au spectacle de danse précédent où les danseurs s’agitent dans le silence la moitié du temps, 
avec toute la mauvaise foi qui convient dans un débat culturel entre proches, j’en serai à trouver l’artiste de Saint Martin d’Hères supérieur au new-yorkais : six danseurs ont plus de densité que deux êtres perdus sur une grande scène, d’autant plus que les pas de deux ont séduits les moins emballés par les arabesques de ce soir.
Virtuosité, mouvements d’ensemble harmonieux, lenteur et vivacité, enlacements et solitudes : une jolie troupe. 
La salle, où l’on surplombe la scène nous rendant proches des acteurs, valorise leur travail. Mais quel spectacle ne vise pas à « retisser le lien social et retrouver l’autre » alors que le hip hop « ça déchire! », ne disait-on pas ?
A abuser de mots défraichis « le plaidoyer dansé pour un espace de paix et de partage » risque de se fondre dans le brouhaha; heureusement la vigueur des corps prend le dessus. 

1 commentaire:

  1. Le problème majeur que je vois à l'heure actuelle, c'est que la grosse machine "informatique/ Internet" défraîchit les mots à une allure frénétique. Les mots n'ont qu'à sortir de nos bouches pour être défraîchis. C'est difficile de dire si ce n'est pas un état d'esprit. Il y a une tirade sépulcrale dans "Macbeth", vers la fin, où le personnage se lamente sur les mots (convenus) défraîchis et la lassitude que cela lui procure. Ce n'est même pas... le Mal qui produit cette ambiance apocalyptique dans la pièce, mais la lassitude cynique qui vient d'une conscience qui halète pour trouver du nouveau avec une impression constante de déjà vu, déjà vécu. Le poids d'une conscience (de soi, mais pas que) qui vieillit. Et après on est enthousiaste pour vivre encore plus longtemps ??

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