Ces 144 pages composent bien plus qu’un joli livre de
syndicat d’initiative, car le texte n’est pas qu’un accompagnement aux photos
en noir et blanc, mais une occasion de réfléchir au progrès, à la tradition.
Le propos n’est pas nostalgique et si la sympathie envers
les habitants de haute montagne est évidente, les contradictions sont évoquées,
l’entre soi pointé.
Une écriture poétique anime les pierres polies des étables
jusqu’aux roches inaccessibles.
« Le Queyras,
une île frangée d’immenses vagues pétrifiées, infinies… Assauts successifs,
écume de neige, obliques de pierre, lancés en tous sens par un vent
nerveux. »
La métaphore de l’île est particulièrement efficace et
l’évolution des hommes vis-à-vis de la nature finement exprimée :
« … d’alliée
nourricière, la nature a été promue attraction de choix dans un cirque de
montagnes à la magnificence estampillée. »« Maintenant les
forêts peuvent manger le bas des terres arables, le loup peut revenir :
les visiteurs apprécient. Les paysans moins, mais qu’importe, il y a en a si
peu. »
La couverture un peu terne n’est pas significative des
portraits photographiques dynamiques ni des paysages d’ombres noires et de
lumière blanche forts, beaux.
« Et comme on
fredonne un refrain réveillé de l’enfance, ils caressent avec nostalgie ces
« sept mois d’hiver, cinq mois d’enfer », label livresque accordé au
temps passé. »
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