Le topos (lieu en grec) primordial, la mer, en ses flux qui
nous dépassent, a attiré les adeptes de l’art majeur, surtout ceux venus du Nord, «
Man'o'war
hollandais et autres bateaux par mer calme » Willem van de Welde, a précisé le conférencier niçois,
devant les amis du musée de Grenoble. Le titre complet du topo précisait : « du naufrage au mirage, des sirènes
aux baigneuses ». Les pittoresques « marines » qui évoquent des
aventures lointaines depuis nos « finis terrae » finissent par approcher de la quête
métaphysique.
« Watson et le Requin », dans le
port de la Havane, tableau très célèbre de John Singleton Copley, met en scène
la dynamique du courage.
« Le radeau de la Méduse » de Théodore Géricault « embarque toute notre société sur son
radeau » Michelet. http://blog-de-guy.blogspot.com/2017/06/gericault-f-giroud-g-mezzomo.html
Des hommes sont au désespoir, d’autres
affrontent la puissance aveugle, au risque de se perdre comme « tant de
marins et tant de capitaines » dans « Océano nox » d’Hugo. L’ « Argus »
le bateau qui apparaît à l’horizon
récupérera 15 survivants à son deuxième passage.
Eugène Delacroix a repris le thème du frêle
esquif affronté cette fois aux damnés.
« La barque de Dante » est guidée par Virgile
impavide et déterminé face à nos obsessions.
Au musée d’Orsay, « Summer Night » est l'une des rares toiles de Winslow Homer,
très célèbre aux USA, lui qui avait vécu dans un phare et « convoquait l’océan dans notre salon ».
Avec Caspar David Friedrich, « Les trois âges de
l’homme », les cinq bateaux répondent aux personnages, la
contemplation est lyrique dans l’attente d’une révélation.
Turner intrépide et casanier, professeur de
perspective, fait exploser les couleurs ou les dissout dans les nébulosités, il
travaille dans les aspérités,
se fond dans l’espace matriciel, et se retrouve si bien à « Venise
en approche ».
L’anglais est le peintre de la matière en fusion, Monet
approche plus systématiquement de la mécanique des fluides, « la
vibration et les reflets à la surface des eaux disloquent les formes et
les révèlent » « Argenteuil ».
La chorégraphie des « Baigneuses dans la forêt »
accompagne l’orchestre des couleurs d’Auguste Renoir qui sur les plages multiplie les
allégories sensuelles. « La sève
chromatique irrigue les corps, les embrase, les module ».
« Les grandes baigneuses » sans chair, de Paul Cézanne,
structurent un paysage.
Paul Gauguin était parti à la recherche d’un paradis où
les couleurs transcenderaient le réel. « Dans les vagues ».
Parmi les toiles de Pablo Picasso qui réamorçait chaque fois sa
créativité avec une nouvelle relation, « Famille au bord de la mer »
relie ses personnages à une période heureuse.
Les symbolistes réinvestissent les anciens mythes, le poète
de Gustave
Moreau est accablé dans « Le Poète et la Sirène »
Et les surréalistes traquent le fantasme à la suite de la
psychanalyse.
Magritte aimait changer les titres de ses
tableaux : « l’invention collective ».
Dali passe au delà des apparences : « Dali
à six ans soulevant avec précaution la peau de l'eau pour observer un chien
dormir à l'ombre de la mer »
et fait jaillir le sang dans « La pêche au thon » en
hommage à Meissonnier, ajoutant Op et Pop Art à ses savoir-faire pour la
fondation Ricard.http://blog-de-guy.blogspot.com/2012/11/dali.html
Le « Ciel d'orage sur Cannes »
de Pierre Bonnard ne conduit pas à déclencher un état de vigilance rouge.
Nicolas de Staël revint ébloui de Sicile, « La
Plage a Agrigente »,
et s’installa à proximité du « Fort Carré » à Antibes peint comme un mirage de la forteresse que
commandait son père à Saint Petersburg, http://blog-de-guy.blogspot.com/2008/12/nicolas-de-stal.html.
Il a sauté par la fenêtre.
« Chemin
de fer au bord de la mer, soleil couchant ».
Joli dépaysement, merci.
RépondreSupprimerPour la métaphysique des bateaux... dans les deux pièces de Shakespeare que nous avons traduites, on voit apparaître la métaphore structurante du bateau pour parler de l'âme de la personne. L'idée de la vie comme un voyage en bateau remonte à très loin.