Le plus actif club de supporters du GF 38, RK 94, a rédigé un ouvrage
collectif consacré à un siècle de football grenoblois et même un peu plus,
puisqu’ils datent de 1892 la naissance de l’ « association athlétique
du Lycée » Champollion, club omnisport comportant une section
« football association » pour le distinguer alors du « football rugby ».
La rédaction de ces 217 pages n’est pas le fait de
professionnels et comporte des maladresses qui en font le charme pour le lecteur
bienveillant, malgré un manque de synthèses percutantes. Depuis une bannière
« red » on peut attendre une lecture plus politique du foot à
Grenoble, y compris avec une prise de recul sur le phénomène supporter qui aime
rappeler l’histoire et parle « gône » à Lyon et « minot » à
Marseille. L’iconographie est également
un peu répétitive à base d’image de fumigènes ou de « bâches »
pour reprendre une expression d’une culture « ultra » qui combat le
racisme en ce qui concerne la branche grenobloise arborant volontiers l’effigie
du « Che ». Ils ont animé la tribune Finet à Lesdiguières avant les
grandes heures, trop brèves, au stade des Alpes.
Le club dirigé longtemps par Pierre Behr avait été tenté par le professionnalisme en
1942, abandonné sous Pétain qui voyait d’un mauvais œil « la perversion par l’argent et la spécialisation qui nuit au
développement harmonieux du corps » et à nouveau essayé dans les
années 50. La variété des dénominations du club atteste sa fragilité pour ne retenir dans l’histoire récente,
utile à rappeler : l’OGI
(Olympique Grenoble Isère), la fusion avec FC La Capuche, le FC Jojo, Norcap. Série en cours.
Roger Garcin, administrateur au club depuis 53 ans reconnaît
« qu'en ayant connu 24 présidents, trois dépôts de bilan et un
redressement judiciaire, le club ne s'est jamais stabilisé et qu'il faut à
chaque fois recommencer à zéro ».
L’équipe dont la
devise est « Ensemble, gagnons les sommets » a longtemps
été assidue de la deuxième
division avec deux titres dans les années 60. Sa dernière présence en ligue 1 a valu au groupe entrainé
alors par Baždarević, le record à l’échelle européenne de 12
défaites en 12 journées, et pourtant cette année là, en 2010, les équipiers de
Ljuboja ont infligé un 4/0 au PSG.
Le livre a été écrit avant la victoire de cette année contre
l’OM où figuraient Romao, Dja Djedje,
Thauvin, anciens de la rue de Valmy (adresse du SDA stade des Alpes).
Mais j’ai retrouvé le compte rendu de la rencontre contre le
Reims de Kopa et Piantoni qui rassembla
22 334 personnes, record d’affluence qui tient encore. C’était le 11 novembre 1960
et les commémorations de l’armistice en avaient été perturbées : il
manquait 22 musiciens sur les 35 de la fanfare. J’y étais et j’étais triste car
l’équipe rémoise ma favorite avait perdu.
Alors entrainée par Albert Batteux, le prestigieux tacticien
viendra plus tard dans les Alpes où il laissera le souvenir d’un homme
exceptionnel qui face aux retards de paye du club le plus fauché de l’hexagone « assurait le salaire de quelques
joueurs sur ses propres deniers ».
Les temps changent.
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