lundi 15 juin 2015

La loi du marché. Stéphane Brizé.

Bien que la séquence initiale soit remarquable et en annonce d’autres également fortes, j’ai craint que Lindon ne délivre trop de leçons comme il en adresse d'emblée une à l’employé de pôle emploi. Eh bien pas du tout ! Il encaisse beaucoup et sa résistance à la violence qui accompagne tout son parcours n’en est que plus remarquable, jusqu’à l’issue ouverte.
Si tant de commentaires louent l’interprétation retenue, j’ai surtout apprécié les dialogues, et les plans séquences qui laissent de la place au spectateur pour compatir et s’indigner.
Une fois encore le vocabulaire a tout son poids : celui employé par un chef d’établissement scolaire tellement policé maquille la vérité. Implacables, sont les mots de la banquière qui essaie de placer ses produits et à l’occasion d’un pot de retraite, dérisoires. Lors d’un entretien simulé, les critiques d’autres demandeurs d’emploi sont impitoyables.
Pour un enterrement, la musique suffit.
J’ai bien aimé que ce film ne soit pas convaincant : il n’y a pas de vainqueur dans la discussion avec les syndicalistes de son ancienne boite, juste la complexité de la réalité.
J’ai bien aimé aussi que certaines scènes prennent leur temps pour une négociation pour le prix du mobil home dont le couple doit se séparer : il faut ça.
Ou pour une leçon de danse qui débouchera sur un moment d’émotion avec le fils handicapé.
 « Et puis la foule s'est mise à marcher
Au pas de loi du marché
Et c'est la CAC qu'a commandé
C'est le CAC qu'a cadencé »
Souchon
Quelle est l’issue ? Les vigiles nous rassurent, mais quand tant de voyous se gobergent, l’injustice à punir une caissière pour quelques points fidélité indument grappillés nous révolte.
Et parmi tant d’arrogance des filous, cette brève qui n’est pas du cinéma: un ouvrier de Peugeot vient d’être menacé de licenciement pour des gants de travail retrouvés dans son sac.  

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