Visite guidée par Etienne Brunet au musée de Grenoble.
Plaisir de la révision des dernières expositions avec
quelques regrets d’en avoir manqué quelques unes, avec à chaque fois, la chance
d’apprendre sous la houlette d’un passeur qui aime partager ses connaissances,
tout en rappelant des réflexions de ses élèves pour ajuster son propos et le
rendre palpitant.
L’exposition qui se tiendra jusqu’au 30 août 2015 est installée pour nous
permettre de mieux comprendre la cohérence de l’institution muséale où
l’entregent des conservateurs joue aussi son rôle.
La réactivité permise lors d’acquisitions par « Les
Amis du Musée » vient compléter, dons et mécénat, sous l’œil confiant,
jusque là, de la Ville,
de la Région, de
l’Etat et leurs engagements.
Depuis sa fondation en 1798, le musée a acquis une notoriété
certaine ; il s’agit là des emplettes les plus récentes.
Parmi 150 peintures, photographies, sculptures, des dessins
par exemple témoignent d’œuvres en devenir, et assurent des liens avec un
ensemble déjà riche auquel Le Louvre ou Beaubourg, maintenant décentralisés, ne
peuvent plus guère apporter de compléments.
Contemporaines, modernes ou anciennes, les œuvres bougent, correspondent
entre elles.
Dans la première salle, peut on s’arrêter devant le travail
de Van Dongen, peintre en milieu mondain quand il utilise les réserves comme le fit
Matisse ? Un modèle de Camoin saute
aux yeux.
Bonnard en nommant sa toile «
Nature morte jaune et rouge » annonce que les moyens plastiques
l’emporteront sur le sujet.
Nous traversons les écoles : « Support et
surface », « Arte povera », « Nouveau réalisme » et la
question du choix revient : pourquoi accrocher cette toile? Pourquoi
l’acheter ?
Et si le musée ne pourra jamais se payer un Duchamp, le
fantôme du pape de la modernité traverse les murs et nous tire par les pieds :
« S'ils savaient
que l'art n'est déjà plus la peinture ! »
Le « Verre »
de Picasso, achat récent, avec une
épingle plantée dans son collage marque
une fois de plus l’histoire, après les étapes du cubisme cézanien, analytique, et
synthétique.
Picabia saisit un mouvement mais la couleur n’entre pas dans
ses lignes.
Plus loin Chaissac, le fatigué, peut dialoguer avec Dubuffet
et l’art brut, Arthaud bouillonne sous des traits stoïques.
Derrière « Jackie » du bleu de la mélancolie, d’Andy Warhol, se devine le profil de John
Kennedy d’un siècle « pop art »
enfui, il y a plus de 50 ans.
Arman dans une des ses « colères » accumule les
guitares, Villeglé prélève des affiches quand Spoerri appelle une archéologie
nouvelle pour découvrir son « déjeuner sous l’herbe ».
Ryman et sa
surface blanche interroge : l’idée l’emporte sur la production. Le
contexte sacralisé fait l’œuvre, qu’est ce qu’une œuvre d’art, une image ?
Suffira-t-il d’apercevoir notre reflet
sur un escalier en laque noire pour nous sentir en ascension ?
C’est de l’art minimaliste, un miroir est installé tel quel.
Muñoz lui
pose un personnage qui n’arrive pas à se voir devant son miroir, il a les yeux
fermés et nous pouvons réfléchir.
Penone présenté récemment place Lavalette est encore dans
nos mémoires
Parmi d’autres invités de ces dernières années, Wolfgang
Laib et ses pollens avait frappé les esprits. Ainsi que Thomas Schütte se moquant
des catégories avec des têtes monumentales en poterie émaillée,
David Tremlett, peintre voyageur, avait
retenu les œuvres fugaces d’Inde et magnifié le détail d’une précieuse feuille
d’arbre tombée sur une place africaine.
Une vidéo de Bruce Nauman fut acquise avant la vogue de
cette forme d’expression.
Spoil : une souris va passer dans le champ d’une caméra
braquée sur un bureau pendant une heure, genre première caméra de surveillance,
verdâtre.
Merz met la main, « Cinq
doigts », comme un rappel des empreintes contre les parois
préhistoriques avec des matières très présentes dans un expressionisme
impressionnant.
Et une « origine du monde » en fin de parcours
sculptée dans le bois telle une Fanny de jeu de boules, répond à la prostituée
de Camoin en début de visite :
qu’est ce qu’un modèle ?
Je guetterai si Favier
est dans les parages car ce que j’ai aperçu titille les curiosités.
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