Un haut parleur diffuse un prêche orthodoxe vigoureux à 5h du matin, nous laissant juste le temps de nous
rendormir au moment de nous lever. Il fait frais ce matin pour prendre le petit
déjeuner en extérieur. A côté trois hommes se découpent des bouts de viande
crue accompagnés de galette au tef et de légumes. Nous nous contentons de la
confiture, du miel et de la margarine à répandre sur le pain.
Nous prenons avec nous le guide local et roulons vers un
village Konso nommé Gamolé. Situé en haut d’une colline, il est complètement
différent de tous ceux que nous avons visités.
L’habitat est dense, resserré et se répartit en quatre
enceintes en pierre qui s’édifient au
fur et à mesure de l’expansion du village. Nous pensons aux habitats dogons.
Ici pas de birrs pour les photos, on demande la permission.
Nous passons à côté de la case réservée aux ados à partir de
12 ans. Ils surveillent le village et donnent l’alerte, accompagnent les
personnes malades à la ville, ils jouent les « pompiers du village ».
Ils y restent jusqu’à leur mariage à 18 ans et doivent s’abstenir de toute relation sexuelle. Le futur époux doit soulever "la pierre de mariage" de 60 kg et la jeter au dessus de la tête vers l’arrière. Une autre pierre, celle "de vérité", sert aux anciens pour arbitrer les conflits. Quand un habitant commet un acte délictueux (vol, adultère), il jure sur la pierre mais si une personne de son entourage tombe malade, ceci est interprété comme un parjure et le coupable est banni.
Ils y restent jusqu’à leur mariage à 18 ans et doivent s’abstenir de toute relation sexuelle. Le futur époux doit soulever "la pierre de mariage" de 60 kg et la jeter au dessus de la tête vers l’arrière. Une autre pierre, celle "de vérité", sert aux anciens pour arbitrer les conflits. Quand un habitant commet un acte délictueux (vol, adultère), il jure sur la pierre mais si une personne de son entourage tombe malade, ceci est interprété comme un parjure et le coupable est banni.
Dans une aire commune, tous les 18 ans on rajoute un
« mat de génération ». Il y en a 41 dans la première enceinte, ce qui
permet de dater la première enceinte à près de 800 ans.
Les morts sont enterrés dans la concession du chef de clan
au nombre de 9. En commémoration on plante pour chacun une statue de bois totémique.
Le chef de clan a droit à la momification : on extirpe
les entrailles, les yeux et on traite le corps à l’aide de beurre de miel et
d’herbes. Au bout de 9 ans, 9 mois et 9 jours, une cérémonie d’enterrement a
lieu.
Nous changeons de région : nous nous dirigeons sur les
territoires boranas, d’obédience plutôt musulmane. Le vêtement avec
voile coloré et à motif dont les femmes se couvrent en témoigne. Nous passons
les barrières montagneuses qui imposent la sécheresse aux Boranas. En altitude
la végétation se transforme, les acacias disparaissent au profit d’une forêt plus tropicale. Nous subissons une nouvelle crevaison avant la piste
rénovée récemment en s’approchant de Yabelo. Premier arrêt à l’hôtel Awwü (awi) avec bordures de fleurs :
le luxe après Konso, avec de vastes chambres claires et des salles de bain,
pour l’instant sans eau.
Girmay nous a programmé une cérémonie du café dans un
village borana ; les chauffeurs sont partis en avant-garde, la coutume
veut que les invités soient les bienvenus mais apportent tout le nécessaire à
la confection du café : grains de café, beurre et eau.
Le village se situe dans la direction du Kenya, il faut
emprunter un petit chemin de terre. Girmay a apporté des photos prises lors de
son dernier passage mais les personnes concernées ne sont pas là aujourd’hui. Les
femmes s’enveloppent dans des tissus colorés un peu comme les indiennes. Nous
pénétrons dans la case sombre envahie de mouches et prenons place sur des
tabourets autour des braises centrales. Peu à peu la case se remplit tandis
qu’une jeune fille s’active autour d’une petite poêle. Elle y mélange des
grains de café non décortiqués à du beurre qu’elle remue régulièrement. Une
fois grillé, elle verse le contenu dans un sirop puis remet sur le feu. Le plat
est ensuite béni par le plus ancien de l’assemblée, les grains distribués à
chacun, accompagnés d’une cuillère de sirop. Nous croquons les grains parfumés
avant de cracher les résidus : nouvelle façon de consommer le café.
La
tentative d’un retour à pied a vite avorté. Girmay arrête la voiture quelques
mètres plus loin, en vraie mère poule
qui se soucie de la tombée de la nuit, il a peur qu’on nous arrache un appareil photo. On s’entasse tous dans un seul 4X4 pour
rentrer à l’hôtel.
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