Le photographe rendu célèbre par sa « terre vue du
ciel » est descendu de son hélicoptère et avec d’autres a interviewé 6000
personnes dans chaque continent de notre fragile planète. Un livre fait partie du
projet sous l’égide de Goodplanet qui a organisé des expositions et tout un
dispositif vidéo sur Internet.
Je pensais que ce volume de plus de 300 pages qui m’a été
offert serait certes plaisant mais superficiel, je l’ai trouvé utile et les
mosaïques de portraits divers donnent à penser. Quand un individu est interrogé,
en face de ses réponses sa présence est forte saisi frontalement dans la
diversité de ses expressions.
Le procédé peut sembler banal, lorsqu’il est multiplié, il
révèle une vérité humaine qui guérit de bien des cynismes, de toutes les
mauvaises fois, et pourrait ébranler quelques positions de racistes de toutes
couleurs, quelques paroles définitives d’intolérants de toutes obédiences.
Si le livre se clôt par le témoignage d’un certain Pierre
que des foules connaissent sous le nom de Rabhi, ses paroles de sagesse sont au
même niveau que celles de Kole l’Ethiopien, Anna la Russe, Floris Bela Maria la Brésilienne ou Surya
l’Afghane… Chacun répond à des questions touchant au sens de la vie, à leur idée
du bonheur, à la place des femmes, leurs colères, leurs rêves… Et lorsqu’une Irlandaise
dit que dans son pays « il y a plus de terrains de golf que de terrains de
jeux pour les enfants », je partage son indignation et j’essaye de suivre
le conseil de Gianmaria qui demande de ne pas se prendre au sérieux, il vit en
Italie.
Tous ne sont pas béatement souriants, certains ont des
blessures venant des avions d’une enfance au Japon ou très immédiatement au
Rwanda où Béatrice est heureuse d’être en vie seulement depuis deux ans.
Quand Beronica l’équatorienne dit que « la
vie c’est étudier, éprouver, palper, voir, être vivant, être heureux, sourire,
pleurer aussi » ce pourrait être une litanie légèrement niaise alors
que le bonheur d’apprendre ne va plus de soi chez nous pour des générations dont des
bataillons de souteneurs psychologiques, de cireurs de pompes, de gaveurs de
produits ont enrobé, dérobé, toute énergie, tout plaisir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire