Aujourd’hui nous allons rencontrer les Mursi peuple réputé
guerrier (voir J 7 sur ce blog).
Lorsque nous accomplissons les formalités pour un guide
local à l’allure rasta : Eyop, une
policewoman en profite pour dresser un procès verbal au motif fantaisiste que
nos véhicules seraient en stationnement illicite.
A l’entrée du parc Mago, nous nous acquittons des droits de
passage.
Nous nous apercevons que nous étions en altitude quand la
route descend vers la vallée de l’Omo. Sur la route qui mène à une entreprise
de sucre, coupée lors d’incidents récents et pourtant indispensable pour le
ravitaillement, nous croisons des camions, dont un renversé sur le bas côté, un
autre cabossé et remorqué.
Nous prenons
en charge un garde armé près d’un panneau surmonté d’un crâne de buffle. Avec lui attendent des jeunes femmes aux lèvres
distendues et pendantes qui laissent apercevoir deux incisives de la mâchoire
inférieure arrachées, elles ne portent pas leur plateau labial constamment.
Il grimpe sur le toit d’un de nos 4X4 et nous poursuivons la
route parfois en train d’être consolidée par des ouvriers sur le passage de
rivières.
Nous avons pu observer l’écobuage et des graminées roses et
blanches lumineuses à cette heure. Un chemin bourbeux détrempé par les pluies
nous conduit à Pilé, un village Mursi.
Près du « parking » s’avachissent quelques hommes
visiblement saouls.
Nous avançons jusqu’au village où Eyop nous explique les
coutumes locales.
Ici, l’homme choisit
sa femme et si les deux familles sont d’accord, les deux fiancés vivent à
l’écart, chacun à un bout du village jusqu’à ce que la fête soit prête : environ
25 jours. Le futur marié se gave de lait et de sang de boeuf à en devenir obèse
pour un temps.
Le plateau incrusté dans la lèvre inférieure, le labret,
était il destiné à dissuader les auteurs de razzias, les esclavagistes ?
La mère perce un trou destiné à recevoir d’abord des
cylindres de bois dont le diamètre ira croissant jusqu’à des disques de terre
cuite dont la taille est proportionnelle au prestige escompté.
Des implants sont souvent posés sous la peau en récompense
pour un acte de bravoure. Par exemple une des femmes que nous avons vues, a tué
un singe : elle a eu droit à des incisions au dessus des deux seins servant
à l’introduction de petits cailloux. Ces
reliefs, peuvent se voir aussi sur les bras et le ventre. Les oreilles portent
également des disques spectaculaires.
A la sortie du village
sont regroupés des greniers pour une population que le gouvernement
cherche à fixer.
Notre guide nous ordonne de ne pas photographier à moins de
passer par l’entremise d’Eyop seul capable de négocier les prix. « Photo,
photo, birrs » est le langage que nous tiennent les enfants et les femmes.
Le ton monte, et il y a des déçus bien décidés à obtenir ce qu’ils
demandent, les « You » sont plutôt agressifs ainsi que les gestes
destinés à mobiliser notre attention. Les touristes australiens que nous
retrouvons sur les lieux fuient sans attendre cette ambiance tendue.
Girmay presse gentiment notre groupe : « bon si vous avez fini » car
les villageois insistent pour les photos payantes ou la vente de plateaux
labiaux. Les tarifs baissent, on solde !
Notre guide nous avouera qu’il n’était pas tranquille et son
stagiaire avait peur. Il faut dire que nous n’avons pas su grand-chose et bien
des péripéties nous échappent.
Nous apprenons que récemment
un motard éthiopien a été tué, son corps n’a été récupéré qu’au bout de
8 jours, et un chauffeur de touristes a été visé par des tirs de kalachnikov.
Nous nous arrêtons à un point de vue sur la vallée, où la route en contrebas nous apparait en forme de cœur. Quelques
enfants au corps peints, connaissent cet endroit et tentent encore leur chance.
Nous n’avons pas vu d’hommes adultes recouverts de peinture comme les
représentent les livres.
Nous déjeunons à Besha Gojo : steak au poivre ou poulet
curry et nous vadrouillons dans Jinka vers
un autre marché, vite repérés par des gosses qui forment vite une petite cour autour
de nous.
Compartimenté, le marché regroupe les vendeurs de céréales,
que les ânes et les chèvres tentent de chaparder dès que les vendeuses tournent
la tête. Plus loin les fruits et les légumes sur des étalages plus petits et
variés ne laissent pas beaucoup de place pour circuler. Nous sommes sollicités
par des Mursi plus noirs que la population locale venus à la ville souvent
habillés d’une seule couverture.
Puis nous visitons un petit musée en surplomb au milieu d’un
jardin bien entretenu.
Quelques vitrines regroupent
des objets traditionnels classés par ethnies, parfois très proches les uns des
autres et qui nous paraissent maintenant plus familiers. Des tableaux
didactiques situent les ethnies sur des cartes simples. Les ethnologues à
l’origine du musée n’ont pas hésité à s’afficher sur les photos. Un panneau :
« relax on a headrest and a lion skin » inspire Achou qui applique la
recommandation.
Nous nous assoupirons le soir dans un lit plus ordinaire
après avoir approché un peuple aux coutumes extraordinaires.
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