samedi 21 décembre 2013

7 milliards d’autres. Yann Arthus Bertrand.



Le photographe rendu célèbre par sa « terre vue du ciel » est descendu de son hélicoptère et avec d’autres a interviewé 6000 personnes dans chaque continent de notre fragile planète. Un livre fait partie du projet sous l’égide de Goodplanet qui a organisé des expositions et tout un dispositif vidéo sur Internet.
Je pensais que ce volume de plus de 300 pages qui m’a été offert serait certes plaisant mais superficiel, je l’ai trouvé utile et les mosaïques de portraits divers donnent à penser. Quand un individu est interrogé, en face de ses réponses sa présence est forte saisi frontalement dans la diversité de ses expressions.
Le procédé peut sembler banal, lorsqu’il est multiplié, il révèle une vérité humaine qui guérit de bien des cynismes, de toutes les mauvaises fois, et pourrait ébranler quelques positions de racistes de toutes couleurs, quelques paroles définitives d’intolérants de toutes obédiences.
Si le livre se clôt par le témoignage d’un certain Pierre que des foules connaissent sous le nom de Rabhi, ses paroles de sagesse sont au même niveau que celles de Kole l’Ethiopien, Anna la Russe, Floris Bela Maria la Brésilienne ou Surya l’Afghane… Chacun répond à des questions touchant au sens de la vie, à leur idée du bonheur, à la place des femmes, leurs colères, leurs rêves… Et lorsqu’une Irlandaise dit que dans son pays « il y a plus de terrains de golf que de terrains de jeux pour les enfants », je partage son indignation et j’essaye de suivre le conseil de Gianmaria qui demande de ne pas se prendre au sérieux, il vit en Italie.
Tous ne sont pas béatement souriants, certains ont des blessures venant des avions d’une enfance au Japon ou très immédiatement au Rwanda où Béatrice est heureuse d’être en vie seulement depuis deux ans.
Quand Beronica l’équatorienne  dit que « la vie c’est étudier, éprouver, palper, voir, être vivant, être heureux, sourire, pleurer aussi » ce pourrait être une litanie légèrement niaise alors que le bonheur d’apprendre ne va plus de soi  chez nous pour des générations dont des bataillons de souteneurs psychologiques, de cireurs de pompes, de gaveurs de produits ont enrobé, dérobé, toute énergie, tout plaisir.

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