jeudi 17 mars 2011

Les vanités dans l’art contemporain.

La conférencière, si peu conférencière, de ce soir a mis en évidence, par défaut, la qualité constante des intervenants habituels aux amis du musée. Il n’y avait qu’à entendre Jean Serroy qui, lors d’une brève intervention pour sauver Anne Marie Charbonneau du naufrage, en a plus dit qu’elle en deux heures. Elle s’était contentée de lire sans conviction, avec un micro dans lequel elle ne savait pas parler, quelques citations et projeter trois vidéos. La jeune fille qui est venue mettre en route les appareils que la maîtresse de cérémonie ne maitrisait pas, aurait mieux convenu en nous dispensant de la pédanterie : « tout le monde sait ça » ou des demandes au public quant à la marche à suivre : « est ce que je continue la projection ? » Elle s’est exemptée de nous donner quelques clefs puisque « les œuvres sont tellement fortes qu’elles parlent d’elles mêmes ». Un concentré qui aurait fini par être réjouissant de tout ce qu’il ne faut pas faire. C’était « l’inanité dans l’art contemporain ».
« La temporalité de l’artiste fait œuvre elle-même » pour un plan séquence vidéo interrompu au bout de 20 minutes parcourant une accumulation de 25 m de livres, sur lesquels sont posés de réveils et des escargots, quelques bougies fument entre les crânes incontournables des vanités du XVII°.
Une autre vidéo de Michel Blazy, l’homme des purées de légumes qui moisissent sur les murs. Ici la caméra nous conduit au cœur des décompositions où des insectes s’installent, les mouches et les asticots sont en vedette, les lumières sont boréales dans les entrailles d’un poivron qui a passé la date de péremption.
Les plus féconds à mes yeux sont deux suisses Fischly et Weiss avec un film d’une demi-heure où des objets se bousculent dans un enchainement réjouissant d’inventivité, d’humour, de profondeur. Une roue (de la fortune ?) entraine le basculement d’une planche où des bouteilles en plastique, clepsydres de fortune, ralentissent le déroulement fatal qui reprend avec des casseroles bouillonnantes, des chariots improbables sur des rails, des embrasements. Les liquides débordent, la glace fond, les déséquilibres s’avèrent moteur, ça balance, ça bascule, hésite, accélère, fume, branle au manche, les plans s’inclinent, des ballons éclatent. On attend, on est surpris par ces bricolages et l’on marche dans cette dramaturgie fragile et incertaine.
Il y aura matière pour une autre conférence sur le sujet.

mercredi 16 mars 2011

Sarkophonie - Dissection dyslexique du discours réactionnaire

Touristes en Chine 2007. # J 9. Temples perchés et monastères colorés.

Départ sous la pluie, nous sommes retardés par un groupe de français sans guide, monopolisant notre guide Marie depuis hier pour régler leurs problèmes.
"Non mais c’est nous qu’on paye !"
Dans la campagne des petits monticules de terre : des tombeaux, autour de villages pauvres; malgré la beauté des toits,tout est gris à cause du charbon.
Le monastère suspendu Xuankong Si est accroché à la falaise, soutenu par de longs troncs. C’est un haut lieu touristique qui attire beaucoup de monde, cela vaut vraiment la peine.Il y a 40 salles qui contiennent 80 statues de cuivre, fer, argile, pierre avec quelques curieux bouddhas. Les passerelles entre les différents édifices sont étroites, et de nombreux sachets de sable sont disposés avec les extincteurs, car tout est en bois ; dans une chambre un four est sous le lit pour chauffer et cuire. Notre amie Dany n’en mène pas large avec son vertige. De 1400 ans d’âge, ce temple renferme des éléments bouddhistes, taoïstes et confucéens.
En bas après un barrage, au débouché d’une conduite, un homme immergé ramasse à la main les poissons étourdis par leur chute et lance sa pêche sur la rive.
Repas sur place, les Chinois laissent des plats presque complets, sans soucis du gaspillage. Nous reprenons la route, croisant une caravane de camions surchargés de charbon occupant toute la route sur une ou deux files. Dans la montagne la conduite est redoutable : on double dans les virages et il arrive que celui qui se trouve nez à nez ne puisse se rabattre car personne ne lui en laisse la possibilité. Nous montons jusqu’à 3000 m au pic Yedou dans la brume : ce sont des alpages avec des moutons, des vaches, la flore est variée.
Monastères du Wutaishan. Plusieurs temples sont imbriqués, et nous voyons une grande variété de moines habillés de couleurs différentes. Les touristes et les fidèles sont très nombreux. Plusieurs fois, on nous demande de poser pour des photos ; nous ne nous privons pas de nous photographier mutuellement. Dans les W.C. pour femmes l’odeur est indescriptible : au-dessus de la fosse s’échappent des tourbillons de mouches.L’ensemble des temples est très coloré, les marches sont nombreuses, heureusement nous les abordons à la descente. Un bâtiment en bronze doré nous éblouit… une véritable cité religieuse. L’hôtel Flowers à l’extérieur de la ville est tout neuf. Nous mangeons dans un salon particulier de justesse, car le restaurant a été retenu pour l’anniversaire d’un monsieur de 80 ans, où les discours sont nombreux devant une grande assemblée. De la chambre nous entendons leurs chants.

mardi 15 mars 2011

Laid, pauvre et malade. De Crécy/ Chomet.

Tome deux de la série "Léon La Came", le titre accrocheur ne déçoit pas.
Le récit baignant dans des couleurs crépusculaires mène au désespoir avec habileté et force en jouant sur les registres de la caricature, du fantastique pour une approche très politique de la marchandisation de notre société jusqu’à des contrées proches d’ Aubenas.
Le héros quelque peu naïf, au départ montreur de marionnettes, va essayer de suivre les préceptes du Manuel du Savoir-Winner : ne dormir que quelques heures, ne pas lésiner sur les pots de vin, mais saura-t-il « tirer parti de ses échecs pour pouvoir repartir du bon pied » une fois qu’il aura chuté ?
La remise au goût du jour de la légende de la bête à "deux groulx" qui fit peur aux populations fait gagner les élections et un parc d’attraction va s’ériger, les produits dérivés du cochon hideux se multiplier. Toute ressemblance… rend la fable noire tout à fait intéressante.

lundi 14 mars 2011

True grit. Ethan Coen et Joël Coen.

Si ce n’avaient été les Coen à la manœuvre, je ne serais pas allé voir ce western de chez west ; à la sortie c’est le plaisir du cinéma éternel des grands espaces photogéniques où pétaradent des archétypes rassurants. Pour ma part je n’ai pas décelé la distance habituelle des réalisateurs avec le genre fondateur d’une Amérique qui tient tellement à ses guns. Le titre signifie « avoir du cran » même si « a grit » est un caillou dans la chaussure.
Quête initiatique comme d’hab’ avec trois personnages tellement différents, condamnés à se supporter, à se compléter, à se sauver.
La jeune fille au chapeau charmant genre « l’Amant » a la langue bien pendue et mène ses machos par le bout du nez, et ce n’est pas conventionnel. Mais peut être que Sarah Palin a aimé.

dimanche 6 mars 2011

Sur la route. Antoine Rigot.

Ce n’est pas « Sur la route » de Kerouac, ni « La route » de McCarthy, ce serait plutôt « Sur le fil » mais un de leur spectacle précédent était « Le fil sous la neige ».
Un acrobate a été victime d’un grave accident ; désormais infirme, il rassemble ses jambes avec ses bras, se remet debout, amorce un premier pas vacillant.
Les spectateurs, assis autour d’un triangle parcouru de barres et de câbles, prennent la mesure de l’exploit d’avancer une jambe après l’autre.
Une jeune femme funambule, Sanja Kosonen, viendra depuis des fils suspendus, le relever quand il tombe, le soutenir jusqu’à ce qu’il grimpe au dessus du sol. Il l’aura lui aussi portée, il aura servi de pont, de protection, d’aide, pour des cabrioles spectaculaires ou des figures inédites sur ces fils de fer qui paraissent si blessants et qui peuvent servir à rebondir pour de furtives envolées.
Cette histoire d’amour est suffisamment forte, élémentaire, qu’il n’était pas forcément utile d’en appeler dans le programme à Antigone, figure de la résistante, ou à Œdipe qui certes a été entravé, mais furent surtout connus pour d’autres représentations.
Un spectacle intense, tendu, délicat et puissant, qui nous rappelle à nos corps, à la volonté nécessaire pour se reconstruire.
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Pendant une petite semaine, il n’y aura pas de nouvelle publication sur ce blog.