vendredi 4 avril 2025

Adolescence. Stephen Graham et Jack Thorne.

Pendant quatre heures,
nous suivons la déflagration créé par l’assassinat d’une jeune fille vu du côté de la famille de l'accusé âgé de 13 ans.
L’approche cinématographique efficace, avec un plan séquence pour chaque chapitre, a amené toute une société à s’interroger : Keir Starmer, premier ministre, a souhaité que la série de Netflix soit projetée dans les écoles de Grande Bretagne, ainsi qu’au Parlement.
Depuis la porte défoncée de la maison parentale lors de l’arrestation et malgré le respect des procédures protégeant le jeune criminel et le professionnalisme des intervenants, la violence éclate à chaque instant, en tous lieux : le collège est au cœur du cyclone. Le respect se perd dans les couloirs des lieux d'éducation, le respect de la vie quand on croyait avoir mis de côté la mort a foutu le camp, alors que la moindre contrariété «fait péter un câble» de nos contemporains. 
Là se révèle la source de tous les maux : les codes nouveaux  des réseaux sociaux qui soulignent le fossé entre les générations et notre impuissance.
Au-delà du harcèlement, est mise en évidence la nature infamante des « incels » (« célibataires involontaires ») pour des mômes tellement jeunes et déjà victimes d’une masculinité plus que toxique, mortifère. 
L’outrance des termes, le poids des symboles  employés sur Instagram rejoint une théâtralisation exacerbée des sentiments. Par contre les remords sont absents, en dehors de l’expression mécanique « désolé! ». Nous avons tellement évacué la notion de culpabilité, de responsabilité.
La classique confusion entre réel et virtuel ne sera pas guérie par quelques fleurs blanches s’amoncelant sur les lieux du crime. 
Le papa ne voulait pas reproduire les violences subies pendant son enfance et croyait son fils aimant en sécurité à la maison, alors qu'il était dévoré par l'écran. 
Spectateur séduit, je me retrouve avec beaucoup de monde sur les réseaux sociaux à dénoncer les réseaux sociaux, après avoir maté une de ces séries d'une fascinante et déplorable violence 😉.  

1 commentaire:

  1. J'ai dans mes affaires le dernier livre de D.H. Lawrence, un livre de nouvelles qui sont presque toutes inachevées, car à cette époque, Lawrence était quasiment dévoré par l'ampleur de sa vision prophétique (attention... Lawrence ne fut pas un apologiste de la religion chrétienne, loin de là). Dans une de ces nouvelles, Lawrence épingle avec une immense finesse le rôle des... mères dans le devenir de leurs fils, et mon expérience de mère d'un garçon, un homme maintenant, m'amène à réaliser que oui, contre toute attente, les mères jouent un rôle immense dans le déploiement de la masculinité de leur progéniture. Avoue que ça ne tombe pas sous le sens, surtout dans une société qui aime autant les caricatures que la nôtre.
    Pour être plus explicite, les fantasmes féminins autour de ce qu'est un homme, ce qu'il devrait être, peuvent être très violents. Pour preuve, et sans aller dans mon intimité, il n'y a qu'à ouvrir "Macbeth" de William Shakespeare pour voir comment une... bonne femme pousse son mari au meurtre, pour qu'elle puisse le trouver encore plus "homme" à ses yeux.
    S'il y a quelque chose que je comprends, c'est que dans une société... décadente, la décadence est partout : chez les pauvres (et pas seulement les riches...) les femmes, éternellement victimes, jusque dans des raisons... linguistiques. Oui, la décadence est partout, et surtout dans des lieux où nous ne voulons pas la voir. L'honnêteté intellectuelle devrait ? nous pousser à lever les voiles qu'il serait utile de lever pour REGARDER CELA EN FACE ET EN NOUS, mais... cela fait souffrir. Si, si. Généralement nous nous rechignons à des examens de conscience qui NOUS FONT SOUFFRIR, en préférant pointer le doigt... ailleurs.

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