Parmi quelques
titres à l’affiche : « Les amants de Montparnasse » est le plus
fidèle à un scénario évoquant les deux dernières années de la vie de Modigliani
interprété par Gérard Philippe.
Max Ophuls réalisateur de « Lola
Montès » avait déjà décrit la déchéance d’une artiste, il ne pourra aller
au bout de son dernier projet, repris par Jacques Becker sans le dialoguiste Henri Jeanson
qui en avait préparé les bons mots.
Becker avait lui aussi traité de la fin tragique d’un
créateur de mode dans « Falbalas » et de l’amour fou avec
« Casque d’or ». Le réalisme poétique alors en vogue touchait à sa
fin.
L’œuvre d’une heure trois quart tournée en 1958 est inspirée
par le roman « les Montparnos » de Michel Georges-Michel décrivant le
milieu artistique de Montparnasse venant après celui de Montmartre :
Foujita, Kissling, Juan Gris, Ribeira, Soutine, Chagall, Picasso… tous ces
étrangers.
Le contexte historique d’une fin de guerre euphorique est
évacué ainsi que le folklore bohème. Un sombre noir et blanc se focalise sur
« Modi » en artiste maudit ; le séducteur s’autodétruit dans
l'alcool et la drogue.Sa relation désinvolte et violente avec Béatrice, une journaliste
anglaise jouée par Lilli Palmer, autre monstre sacré, s’interrompt lorsqu’il
tombe sous le charme de Jeanne Hébuterne interprétée par la lumineuse Anouk
Aimée.https://blog-de-guy.blogspot.com/2013/10/modigliani-entre-legende-et-histoire-de.html
A l’atelier, ils se dessinent mutuellement :
Bien qu’il ait vendu quelques
tableaux, ses contemporains ne reconnaissent pas ses recherches de la « haute note jaune » chère à Van Gogh qu’il
cite devant un acheteur américain auquel il n’a pas envie de vendre.
Le rapport de l’artiste et des marchands et les difficultés
pour vivre de son travail sont vus sous différents regards comme avec son ami
toujours disponible ou la quête humiliante pour un portrait sur un coin de
table de bistrot. Son unique exposition personnelle sera un échec, une de ses
sculptures passera à travers la vitre de la porte de la galerie.
Deux nus en vitrine dont les poils pubiens vont chatouiller
le commissaire de police du quartier et offrir quelque publicité à l'artiste désargenté. Alors que
s’érigeaient tant de monuments aux poilus morts pour la France, cette
pudibonderie qui ignorait « L’origine du monde » est à rapprocher du code
Hays en vigueur dans le cinéma américain qui interdisait les baisers de plus de
trois secondes.
Lino Ventura découvert par le réalisateur de « Touchez pas au grisbi » incarne un marchand de tableau parfaitement
odieux qui s’empare des toiles alors que Modigliani vient de mourir et qu’il ne
le dit pas à Jeanne.
Elle s’est suicidée un jour après son amoureux laissant
une orpheline. La réalité fut plus âpre que le film si bien éclairé avec le
père impitoyable de Jeanne, elle amoureuse trop soumise, et malgré des amitiés indéfectibles, le désespoir immense du peintre des femmes aux yeux
vides.
« Aujourd'hui,
tous les musées du monde et les grands collectionneurs se disputent les œuvres
de Modigliani; chacune de ses toiles vaut des dizaines de millions. Hier, de
son vivant, en 1919, personne ne voulait de sa peinture.
"Modi",
incompris, désemparé, doutait de lui-même... »
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