Les descendants des anciens colonisateurs lestés de
culpabilité ont peut être été soulagés par nos replis opérés en Afrique, à
moins que l’indifférence l’ait emporté ; nous avons tant d’autres
bourriques à fouetter.
Ces péripéties de moins en moins lointaines marquent une
étape de plus dans le désenchantement de notre propre civilisation envoyant, pour le
meilleur et le pire, des missionnaires, des ingénieurs, des
militaires, des commerçants, des médecins, dans les pays chauds.
Nous ne croyons plus en Dieu, ni en nous-mêmes, comment
peut-on être encore désirables et porter la bonne parole démocratique?
Les migrants en direction de l’Europe contredisent-ils ceux
qui nous ont foutu à la porte ?
Les Russes prenant notre place seront-ils plus respectueux
et plus désintéressés ?
L’Iran abrite le plus grand nombre de réfugiés (3,5 millions d’Afghans).
La réflexion : « La plus
grande force de l’Europe est de se savoir faible » fait honneur à
notre humanisme mais conforte Poutine qui a beau jeu d’exploiter nos doutes, et Trump.
Quand dans l’excellente séquence radiophonique des « Petits bateaux » avant
le vespéral et dominical « Masque et la plume » où ce sont les enfants qui posent les bonnes questions, un bambin de quatre ans et demi
demande :
« Pourquoi les grands ont plus de droits
que les petits ? »
La réponse est adéquate lorsqu’elle reprend les mots de la convention
internationale des droits des enfants avec le droit d'être protégé, nourri, soigné, éduqué,
de s'exprimer, d'avoir des loisirs… Mais il m’a semblé que ce petit se plaçant
au niveau des adultes réclamait d’autres droits pour lui et non pour celui qui
se casse les ongles dans quelque mine de terre rare.
Cet élève de maternelle se pousse du col et se pose en souverain contestant
la loi, il en établirait bien une autre dans le prolongement d’une prise de
parole valorisante.
Tout en me méfiant des généralisations, je ne m’interdis pas de voir là
encore des fêlures dans le lien social, pour jouer avec les hiérarchies il a
besoin de règles. Les grands, les grands parents, usaient trop volontiers d’arguments
d’autorité maintenant dévalués, ils n’ont plus qu’à se défouler sur les réseaux
qu’ils vilipendent dans la foulée.
Ce monde numérique sans visage exacerbe les violences, conforte les
solitudes, aggrave les inaptitudes pour les peu coutumiers des froides
machines.
« L'ennemi est sot; il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui. »
Pierre Desproges.
Si je dis que je ne vais pas pleurnicher, c’est que je vais le faire, en
voyant l’humour en fuite, le second
degré incompris, les symboles à la base des narratifs
religieux, ignorés. Pas de recul, tout est pris au pied de la lettre,
l’exigence dont on s’exempte pour soi est requise pour tous les autres. Le
niveau baisse en littérature, le cinéma souffre, les chansons s’essoufflent,
l’art contemporain se pose en tas qui indisposent, l’industrie souffre, l’école
ne fait pas de vague, quant au niveau de la mer et à celui des politiques…
Delogu député LFI sur une chaîne algérienne :
« Qu’est-ce que nous,
Français, avons à voir avec la Pologne ? Je respecte l’État de Pologne et les
Polonais et les Polonaises, mais qu’avons-nous à avoir avec eux ? Alors si je
dois maintenant acheter, je dis n’importe quoi, des pommes de terre, il faut
peut-être que j’aille les acheter de l’autre côté. Je dis ça, je sais même pas
s’ils ont des pommes de terre là-bas ».
Il se présente comme maire de Marseille : un coup à
devenir supporter du PSG !
Faut-il en rire ? Y a-t-il un adulte dans la salle ?
« La technique atteindra un tel niveau de perfection
que l'homme pourra se
passer de lui-même. »
Stanislas Jerzy Lec
Je suis aussi perplexe que toi, Guy. Je ne sais plus quoi penser de tout cela. Pour le premier degré, et la littéralité, je les pratique depuis longtemps. Il m'est très difficile de savoir quand les gens plaisantent ou pas. Très. Et puis... des fois, même s'ils ne plaisantent pas, ils vont te dire qu'ils plaisantent, non ? Il me semble, en tout cas. Vaut-il mieux les prendre au pied de la lettre ou pas ? Vaste débat.
RépondreSupprimerPour le repli, je le pratique pas mal, par besoin de survie. Pas de voyages en Belgique, des fois où je découvrirais après coup qu'il aurait fallu avoir un smart phone pour payer les parc-mètres. (Mais merci, maintenant je sais qu'il ne faut pas que je voyage en Belgique. 😉 )
Pourquoi les petits auraient plus de droits que les grands ? Il me semble que personne, ni rien de vivant, n'aime être commandé juste pour le plaisir de commander. Etre commandé par des gens qui ne respectent pas ce qu'ils vous ordonnent de faire... et bien, c'est une rupture sociale (et non pas "sociétale", pffft) pour tout le vivant, je crois. Et cela a des conséquences fâcheuses pour commandants et commandés, me semble-t-il.
Pour avoir des doutes... je pense qu'il faut pouvoir se remettre en question de temps en temps, et pas se cramponner à un pouvoir... absolu. Il faut pouvoir dire qu'on s'est trompé, qu'on a fait une erreur. Même le corps politique ? Affirmer que les politiques ne doivent jamais avouer qu'ils se sont trompés est une indication claire que "le peuple" est une assemblée de moutons à la recherche d'un bon berger TOUT LE TEMPS. Cela est franchement incompatible avec un système politique qui s'appuie sur des citoyens.. libres et responsables. Or, il est pourtant possible ? probable ? qu'un système politique qui fait la promotion à tue tête pour la liberté et la responsabilité est fait de personnes qui, au fond d'eux-mêmes se sentent profondément esclaves et irresponsables.
Pour la désobéissance, des fois elle est nécessaire. La désobéissance d'Antigone était nécessaire, tragique, avec des conséquences tragiques pour tout le monde, y compris elle, qui s'est sacrifiée, ne l'oublions pas. Elle a payé le prix de sa désobéissance par son propre sacrifice. Les irresponsables (et les corrompus) ne veulent payer aucun prix, me semble-t-il, et sont prêts à sacrifier... d'autres.