samedi 28 septembre 2024

La réserve. Russell Banks.

Dans les vastes forêts des Adirondack au nord de New York, bien des surprises nous sont offertes dans  le microcosme des privilégiés qui habitent « La réserve » du parc national. 
« Une batterie de fusées sifflantes envoyait dans l’obscurité de grands arcs flamboyants, rouges, jaunes et bleus, semblables à des éclairs lancés contre les dieux. Très haut dans le ciel au-dessus de la Réserve, les fusées finissaient leur ascension, perdaient de la force et flottaient un instant avant d’exploser les unes après les autres dans un éclair- gigantesques fleurs de lumière aussitôt éteintes, froissées et dissoutes dans la nuit. »
 Un artiste rencontre une riche et belle héritière, « pauvre petite fille riche » : passion et folie.
L’écriture est précise, jamais laborieuse. 
«  Si à l’âge adulte, ses fils souhaitaient utiliser leur deuxième prénom - lequel, dans un esprit de compromis, avait été pris chez les ascendants familiaux d’Alicia et de Jordan - il n’y trouverait rien à redire. Mais il était certain que cela ne se produirait pas. A cet âge-là, ils sont devenus leur nom, affirmait-il. ». 
Les portraits des protagonistes sont vivement tracés et les évènements d’avant la seconde guerre mondiale, traversés par un immense et luxueux zeppelin craignant la moindre étincelle, nous étonnent tout au long des 380 pages. 
« Les secrets ne sont pas comme les mensonges. Ils sont plutôt comme une opération au cerveau. Ils tuent votre âme. Le mensonge n’est qu’une technique pour conserver des secrets. » 
Sans leçon insistante, se précisent les caractères où la candeur rejoint la perversité, l’authenticité rencontre les contre-vérités. 
« Pour Vanessa, la vérité était comme un oiseau qui vole d’arbre en arbre, de sorte que la proposition « sur l’arbre est perché un oiseau » se rapportait à cet arbre-ci tout proche puis à un autre dès que l’oiseau s’envolait sur l’arbre suivant, puis à encore un autre, et ainsi de suite jusqu’à ce que toute la forêt y passe. »

1 commentaire:

  1. Ça me donne un peu envie, mais si je le lis, ça sera en anglais.
    Ce que Banks/toi écrit sur le secret me renvoie au fait que pour la première fois depuis longtemps, je vais me coltiner la nécessité de conserver un secret, et de vouloir convaincre un autre de la nécessité de cela dans un contexte où globalement nous nous gargarisons de transparence et d'authenticité du matin au soir, sans nous poser la moindre question. C'est affligeant, tous ces tambours qu'on bat, même.
    Et puis... je vais consulter, sous le sceau du secret, en sachant que pour le coup, ce secret sera respecté par la personne que je vais voir, ce qui n'est pas forcément le cas depuis que nos gouvernants carburent... à la transparence, toute la transparence, rien que la transparence... pour notre bien, bien sûr, et que le corps médical a de plus en plus de mal à garder... son âme, son indépendance.

    RépondreSupprimer