vendredi 27 septembre 2024

Déréliction.

Quelques croassements anticléricaux paraissent bien fades quand est décrochée la silhouette de l’abbé Pierre des entrepôts d’Emmaüs.
Déjà que tout tir est prohibé en direction des ambulances ; à l’égard des corbillards, seul l’oubli s’en suivra. Nos dieux sont morts et nos saints se raréfient.
Lorsque les bouffe-curés les plus affamés remontaient à l’Inquisition pour caractériser les catholiques, il y avait toujours quelque admirable missionnaire pour écoper l’eau des bateaux vermoulus armés par le Vatican.
Les dernières révélations ensevelies sous les silences constitutifs de l’institution religieuse sont venues planter quelques ultimes clous dans le cercueil des influenceurs à l’ancienne. 
Le mot « amour » tellement chanté sous les croisés d’ogives était déjà bien abimé quand il évoquait d’avantage quelque libidineux célibataire que la générosité de mère Térésa
Bien que les églises se vident  et que les vocations se tarissent, la dimension religieuse revient plus que jamais dans les conversations.
Pour éviter de se laisser aller à la complaisance dans le répertoire de nos défaites, suffirait-il de les décrire pour se donner l’illusion de nous ébrouer?  
Dans une atmosphère assombrie par les incendies volontaires en Amazonie, par les explosions incessantes dans tous les coins de la planète, peut-on saisir des liens qui ne soient pas calcinés, en tirer du sens ?
Un titre du  journal « Le Monde » : «  Le Sud pleure la mondialisation libérale » n’arrange pas la visibilité quand il prend à contre-pied une vision unique diabolisant les échanges internationaux. 
« … à jeter le remède libre-échangiste avec l’eau du bain, comme on le fait aujourd’hui au nom du climat ou des priorités stratégiques, on se condamne à une régression dans la lutte contre la pauvreté… »
 Bien que cette échelle mondiale reste inaccessible au plus commun des boumeurs,
le mot «  déréliction », signifiant « abandon », convient pour caractériser la période. 
« Tout concourt à opprimer les politiques qui n’avaient déjà pas besoin de cela pour être en proie à un sentiment d’accablement et de déréliction. » 
Alexandre Soljenitsyne.
Péripéties gouvernementales mises à part, quand s’oublie l’intérêt de la nation chez les squatteurs des canaux d’information, je relève dans un domaine à ma mesure, la satisfaction des syndicats face à l’abandon de toute modification du brevet des collèges. 
Cela confirme leur manque d’ambition pour l’école et pousserait volontiers ma curiosité du côté de l’auteur de « La fabrique du crétin », Brighelli.

1 commentaire:

  1. C'est magnifiquement écrit ce matin, Guy, mais tes observations ne correspondent pas aux miennes. Les églises ne sont pas vides. Au contraire, les églises, tout doucement, commencent à se remplir de nouveau. Moi, j'ai recommencé à aller à l'Eglise, et qui plus est, à l'église que ma mère Protestante tenait en horreur absolue, la grande Romaine, sur notre commune. Je suis en train de redécouvrir en France une source de réconfort, une aide pour résister contre la déréliction, la déchéance, le désespoir, et ce n'est pas en écoutant la propagande le matin non plus.
    Cela me fait vivre, me donne de l'espoir, et je pense qu'il est ainsi pour d'autres. Et je précise que je me considère comme une intellectuelle, sans honte, et sans orgueil à le dire.
    Pour les révélations sur l'Abbé Pierre, je n'en sais rien, mais j'ai découvert il y a longtemps que ce que je vais appeler la société civile carbure à la destruction de nos idéaux. Dès qu'il y a un frémissement d'idéal, il y aura toujours un quidam tout prêt à le SOUILLER ? le mettre en lambeaux. Au nom de quoi ? Des lumières, la science, la lucidité, les droits de l'Homme, la liberté d'expression ? Dévoiler les dessous de tout, finalement, c'est une bien sale occupation. Et nous-mêmes, comme fragiles créatures, je ne vois pas comment nous pouvons survivre à toute cette lumière aveuglante.
    C'est le moment de se souvenir que Jésus lui-même fut qualifié de lumière du monde. Nos "lumières" sont venues de quelque part.
    Donc, je ne suis pas prête du tout à accepter les REVELATIONS de nos médias comme étant la Vérité évangélique, car nos médias ont bel et bien un agenda anticlérical. Ils ne sont pas impartiaux pour deux sous.
    Et oui, nous voici encore une fois en plein milieu d'une guerre de religion. Parce que les enjeux dans cette affaire ne nous laisseront jamais tranquilles, à mon avis. On ne peut pas résoudre ces problèmes UNE FOIS POUR TOUTES. Ce n'est pas possible. C'est la fin de notre confort, là, et c'est bien dur.
    Cordialement.

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