Quand « artificielle » s’accoquine avec
« intelligence », la tentation est grande d’appeler sous la plume
virtuelle des mots collés aux fond des coffrets oubliés :
« Belles Lettres et propédeutique, calligraphie et
enseignement ménager… »
afin, au final, de contredire les tics langagiers qui nous
impactent grave !
Ce n’est pas que l’intelligence artificielle, qui déjà nous
aide, soit démoniaque, mais difficile de ne pas avoir envie de
« regimber » dans ces temps d’assèchement de l’humanisme.
Les nouveaux échafaudages autour des programmes scolaires,
sous leurs bâches publicitaires, font s’exprimer les commentateurs de la
rubrique éducation qui comme moi n’arpentent plus depuis longtemps les couloirs
bruyants des établissements scolaires.
Les pratiques pédagogiques s’entrevoient dans des films comme
« Bis repetita » ou dans les actualités quand les héros sont
décapités. Mensonges rigolos et tragédies paralysantes évitent toute
considération générale.
Iannis Roder dans « Franc-Tireur » sous le titre
« L’école de la peur » signale que 900 enseignants ont été menacés
d’une arme en un an, 6 par jour ouvrable. C’est pas du cinéma. « La Marseillaise doit être apprise » et « La
dictée fait son retour » : il me semblait que ces affaires étaient engagées,
réengagées depuis le « Che ». Distance entre les chefs à plumes et
les fantassins avec actes loin des paroles, comme d’habitude.
L’effondrement des connaissances en culture générale des
candidats au professorat autorise quand même l’allusion à « la boîte de
Pandore » des querelles scolaires jamais refermée.
J'aimerais que l'image de la perte de couleurs de lampes magiques, puisse faire allusion à l’affadissement des utopies généreuses qui ont fait pschitt
quand les boomers pétaient le feu en équipe, en textes libres, éveil et
projets. Le moule des rêves fraternels est fêlé.
Les rubriques nécrologiques débordent de grands noms :
Badinter, Delors, Julliard, Godard, Sempé… sans qu’il soit utile de déterrer
Rocard, et si peu de naissances apparaissent à ma connaissance.
Pour un Claude Malhuret, pas de la dernière pluie, combien
de Louis Boyard en histrion 2.0 ?Bien des mots semblent tomber en poussière sitôt qu’on les
soupèse, ainsi « progrès » barbouillé de CO2 « disperse, ventile »
avec lui, les progressistes.
Au moment des orientations en cours d'études, où les horizons pourraient
s’ouvrir, bien des souhaits
de changements se paralysent.
Qui osera ressortir la maxime d’un autre siècle :
« il n’y a pas de sot métier » quand serait proposé à un cadre
voué aux vacances à Acapulco, un poste de plongeur ?
Les rappels du temps de l’esclavage peuvent paraître
envahissants, pourtant combien de serviteurs modernes sillonnent nos villes,
lavent nos carreaux, torchent nos vieux, quand même préparer un repas relève de
l’exploit, de l’exploitation ?
Pas question d’examen lucide, partagé, d’une situation quand
une transition de genre peut paraître moins douloureuse que de travailler deux
mois dans un restaurant.
La phrase de Kennedy n’est plus comprise :
« Ne vous demandez pas
ce que votre pays peut faire pour vous,
mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays ».
Qu’une existence doive consister à faire sa part dans
l’avancement de la société n’apparaît plus avec évidence pour bien des
individus qui ont seulement daigné mettre les pieds sous la table.
« Vivre est assez
bouleversant » Georges Perros.
L’heureuse expression « la charge mentale » a mis en
évidence la disparité Homme/femme en matière de tâches ménagères quand devant
un tas de vaisselle sale le monsieur se dérobe : « mais tu m’avais
pas dit » pour répondre à sa femme qui le sollicite.
Cependant bien souvent les actes sont mesurés à cette aune.
Le don, le plaisir de travailler sans qu’il soit utile de
négocier chaque geste sont ignorés.
Et dans l’hystérisation des rapports sociaux cela se
qualifie en harcèlement, burn out, se résolvant en #, marche blanche, cohorte
d’avocats qui en arrivent à disqualifier les grandes souffrances.
« La fin justifie
les moyens. Mais qu'est-ce qui justifiera la fin ? » Albert Camus.
Un bon cru, ce matin, Guy. Tu dis des choses justes avec élégance, en pesant tes mots. Merci. Qui peut demander mieux ?
RépondreSupprimerPour les rapports du couple, mon terrain préféré : fut un temps on pouvait voir dans le rapport entre l'homme et la femme une communauté. On parlait de mariage sous le régime de la communauté, et je crois dans cette communauté, là, où l'homme et la femme s'ENGAGE pour former communauté ensemble, et dans la communauté, on travaille ensemble vers un bien commun. C'est important de pouvoir viser le travail vers un bien commun, même... à deux. Il s'agit de déterminer l'identité ? de la communauté où on se sent appartenir, en sachant que la fraternité universelle de tous sur toute la planète tend à diluer le sentiment de communauté... un peu, voire beaucoup, ce n'est pas forcément bon.