L’image d’un individu qui a « les fils qui se
touchent » pour dire les déraisons de l’heure peut rejoindre la banale
constatation qu’en politique les extrêmes s’épaulent, se confortent, se
touchent parfois.
L’étiquette « extrême droite » collée à tout
contradicteur osant rappeler le nombre de policiers blessés, banalise le
parti de la famille Le Pen qui en arrive à apparaître à la vue des
commentateurs comme le seul bénéficiaire de toutes les péripéties politiques.
Avant de garnir les bancs du Palais Bourbon, le RN s’est
installé dans les comportements revendicatifs et dans les têtes, grâce parfois
à ses accusateurs. On ne peut oser dire qu’il a gagné dans le domaine de la
culture tant les subtilités d’un monde plus éduqué, plus sophistiqué sont à l'opposé de ses objectifs anti-élites, bien que dans ce champ les acteurs du cinéma proclament leur anti fascisme sans
intermittence, sans grande efficacité.
Les universitaires sont en tribune, alors que les leçons de
l’histoire ne sont pas seulement oubliées des masses mais ignorées, voire niées, pendant que le
niveau des passions s’élève à mesure que celui des connaissances baisse.
Les héritiers des Croix de feu désormais cravatés ont perdu le
monopole de l’anti parlementarisme lorsque leurs concurrents NUPES donnent une
image déplorable de la représentation nationale. Ils furent complices
sur les ronds points, d’où ils ont multiplié les images de guillotine pourtant
abolie par Badinter.
La manifestation de la place de la Concorde du 16 mars
2023 ne ressemblerait-elle pas à celle des ligues factieuses du 6 février 1934 ?
Si 1789 représente pour tout républicain une date sacrée, une
évocation par Mélenchon, ne manquant pas de culot, oublie la légitimité républicaine qui différencie un président de la République
d’un roi.
« Le 5 et le 6 octobre 1789 les femmes
marchent sur Versailles contre la vie chère. Elles ramènent le roi la reine et
le dauphin de force à Paris sous contrôle populaire. Faites mieux le 16
octobre. »
« Le Monde » journal jadis influent, rapporte que des influenceurs d'Internet sont contre la réforme des retraites, sous influence semble-t-il d'une nouvelle pensée unique qui n'a même plus à faire appel à des démographes ou à des obsédés de la dette, comme au temps des épidémiologistes nés dans la nuit, lors de la pandémie.
Le
pamphlet « L’insurrection qui vient » de Coupat a fait saliver bien
les journalistes aux regards complaisants envers toute ZAD, ils en conservent
la scansion, mais je n’y échappe pas en voyant arriver, s'installer des troubles cultivés, un
séparatisme amplifié, des désaccords irréductibles. Je n'échappe pas au jeu des outrances en soulignant des faits minoritaires générateurs de
généralisations abusives.
Les blocages anti-démocratiques sont des entraves au droit
de faire grève ou pas.
Quand des étudiants de Science Po affichent sur
un mur dit de la honte, le nom de ceux qui s’opposent à ces entraves, je
m’insurge contre la timidité des donneurs de leçons habituels.
Théâtreux, chercheurs, étudiants ne se distinguent pas de leurs ennemis en jetant l’opprobre sur les
modérés et en approuvant les délateurs balançant ceux qui ont mal voté aux
meutes.
Cette toute puissance (verbale) qui veut ignorer les
contraintes économiques, financières, diplomatiques, les intérêts divergents
d’une société, est du même ordre musclé que les hommes nouveaux promus jadis, au
front fier, au poing déterminé, à la mâchoire serrée.
Extrêmes droite et gauche unies, honnissant pareillement l'Europe, se distinguent encore sur leur
position à l’égard des étrangers, mais hormis la couleur de l’icône en vue, la
même recherche de pureté les guide (voir la traduction du mot "guide" en allemand ou en italien).
Une douce police de la pensée s’essaye,
sans conduire à des goulags barbelés, elle sévit à l’intérieur de ces partis. Ils
ont la liberté chatouilleuse et entre eux s’excluent, font taire les
dissidents, faisant craindre des dérives liberticides au cas où ils accèderaient aux responsabilités.
Le populisme, la démagogie en mettant la pression sur les
élus, détériorent les liens sociaux, hystérisent les débats et conduisent de
dangereux farfelus sur les plateaux, voire à incarner la République. Si quelques sages
peuvent se rassurer en pensant que ces excès prouvent leur incapacité à
gouverner, Trump les détrompe.
« Le triomphe des
démagogies est passager, mais les ruines sont éternelles. » Charles Péguy
J'ai regardé une vidéo de Louis Fouché hier soir : "faisons la joie". Juste 40 minutes de vidéo pour essayer de faire entendre qu'un autre monde est possible... C'était revigorant. Recommandé.
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