vendredi 30 septembre 2022

Jeannot Monin.

Quand un avis de décès parait sur le journal, la nouvelle bouleversant une famille appartient aussi aux voisins et aux anciens voisins revenant aux souvenirs d’enfance.
La disparition de Jean Monin qui a travaillé ses terres autour du hameau du Gibet à Le Pin inviterait même des images remontant à des siècles, alors que ce lieu a été débaptisé et que le village de Saint Christophe du Pin ayant perdu depuis longtemps sa particule ecclésiastique a disparu des cartes sous l’appellation toute fraîche : « Villages du lac de Paladru ».
Jeannot était paysan, passé de la conduite de la jument «  Mascotte » aux tracteurs.
Sous le toit immense de la grange patrimoniale, les hommes venus aider à la batteuse avaient le visage noirci par le poussier.
Les bavards d’aujourd’hui peuvent avoir le souvenir d’un « taiseux », j’ai gardé du temps que j’étais môme ce respect que nous avions appris envers les plus âgés et je le considérais comme « un sage ». L’appréciation  aurait pu le faire bougonner.
Coéquipiers dans l’équipe de foot de l’ASP pour laquelle il est celui qui renouvela le plus longtemps sa licence, me revient une fois encore la grâce d’une époque où se mêlaient sous les mêmes couleurs toutes les conditions, tous les caractères, toutes les opinions.
Un des premiers terrains avait été tracé le long de la rivière.
Lors de la cérémonie d’adieu dans l’église comble, «  La prière » de Francis Jammes chantée par Brassens allait de soi.
« Par l'âne et par le bœuf, par l'ombre de la paille,
Par la pauvresse à qui l'on dit qu'elle s'en aille,
Par les nativités qui n'auront sur leurs tombes
Que les bouquets de givre aux ailes de colombe,
Par la vertu qui lutte et celle qui succombe :
Je vous salue, Marie » 
Le fils de Charles et de Pauline chantait « Armstrong tu te fends la poire » de Nougaro et d’autres chansons de Brassens, tellement bien que lorsque je suis passé à Brive où « à propos de bottes d’oignons » des « gaillardes se crêpaient le chignon », j’ai pensé à Jeannot à qui je trouvais l’air tranquille de Georges le sétois et sa solidité. 
« Les quat'z'arts avaient fait les choses comme il faut
Leur compassion semblait venir du cœur. Bravo !
Quand je suis ressorti de ce champ de navets
L'ombre de l'ici-gît pas à pas me suivait
Une petite croix de trois fois rien du tout
Faisant, à elle seul', de l'ombre un peu partout
Les quat'z'arts avaient fait les choses comme il faut
Les revenants s'en mêlaient à leur tour. Bravo ! » 

2 commentaires:

  1. Très émouvant, Guy. La fin d'une époque qui ne devait pas être facile, mais où l'Homme avait plus de possibilité de sentir sa dignité dans sa lutte avec les éléments. Il me semble. Un grand merci pour avoir partagé ceci.

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  2. Un très bel hommage qui parle à une native du village.

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