Ce livre se lit jusqu’à la 439 ième page,
celle des remerciements confirmant la chaleur communicative de l’Agatha
Christie québécoise au début d’une série à succès :
« Il fut un temps
dans ma vie où je n’avais aucun ami, où le téléphone ne sonnait jamais et où
j’ai cru mourir de solitude. Aujourd’hui, je sais que la véritable bénédiction
n’est pas d’avoir fait publier un livre, mais d’avoir autant de personnes à
remercier. »
Armand Gamache, inspecteur-chef responsable des homicides
s’installe avec son équipe d’enquêteurs dans le charmant village de Three Pines où le meurtre de la plus aimée des citoyennes vient
d’être commis le jour de Thanksgiving.
« Au sommet de la colline, Armand Gamache arrêta la voiture et en
sortit. Il regarda les toits des maisons et imagina, en dessous, les gens bons,
gentils et imparfaits qui se débattaient avec leur vie. Des gens promenaient
leurs chiens, ramassaient les feuilles d'automne qui chutaient inlassablement,
tentaient de devancer la neige qui tombait doucement. Ils allaient faire leurs
courses au magasin général de M. Béliveau et acheter des baguettes à la
boulangerie de Sarah. Olivier, debout dans l'encadrement de la porte du bistro,
secouait une nappe. »
Tous les ingrédients pour passer un bon
moment avec un polar rural sont réunis: une communauté et des personnalités se dévoilent avec son lot
de fausses pistes qui ne découragent pas notre vigilance.
« -
Elles étaient très proches. Comme ça.Yolande
tenta alors de croiser les doigts, mais, comme les ongles s’entêtaient à se
heurter, son geste ressemblait à un match de lutte opposant des marionnettes
digitales. »
Poésie et humour ne nuisent pas à
l’efficacité.
« …j’ai
préparé des muffins à l’eau de rose en hommage à Jane. Ensuite je les ai
mangés, comme vous l’avez vu, je mange toujours ma douleur. Gabri
sourit légèrement. Considérant la taille de l’homme Gamache s’étonna de la quantité de douleur qu’il devait avoir.
Et de peur peut être. Et de colère. Qui sait. »
Des réflexions de bon sens jamais sentencieuses
s’intercalent avec des maladresses qui en arrivent à être fécondes.
« Souvent les
plus affligés sont ceux qui manifestent le moins leur peine. Mais il savait
aussi qu’il n’y avait pas de règle absolue. »
Une psychologue devenue bibliothécaire parle d’un de ses
anciens patients:
«… j’ai soudain
compris. S’il ne changeait pas, c’était parce qu’il ne voulait pas
changer. »
Le titre
évoque plutôt un genre artistique qu’un environnement dépourvu de vie, la
vérité viendra de la peinture.
Je ne sais pas. J'ai des préventions contre cette lecture. Le fait de parler de l'assassinat de la plus aimée des citoyens d'un petit village rural le lendemain de Thanksgiving aligne trop de signifiants pour que je sois confortable avec.
RépondreSupprimerIl y a un certain temps j'ai lu un livre québécois, une fiction, recueil de nouvelles, qui parlait du voisinage entre bobos citadins et ruraux dénaturés au Québec. C'était un voisinage assez pourri. Je ne peux pas défendre des ruraux qui font de la chasse avec des tronçonneuses, et dépècent des bêtes vivantes, mais je ne peux pas plus défendre les bobos qui s'installent dans les villages et regardent de haut ces ruraux.
C'est assez insoluble. Finalement, je suis assez contente de ma solitude...