Une
pellicule gluante recouvre la voiture lorsque nous la récupérons, résultat du
mélange de sève de tilleul et de pluie séchée par le soleil.
Nous suivons les
bons conseils de J. qui nous a recommandé Saint Père à quelques
encablures de Vézelay.
L’église Notre Dame est
surprenante avec son porche ciselé en
avancée franchement gothique. Comme à Vézelay, Viollet-Le-Duc s’y intéressa, et
déplorant son état de délabrement, s’attaqua à sa restauration. Les travaux de rénovation continuent actuellement à l’intérieur plus
sobre que le porche. Cependant les anciens tailleurs de pierre se sont amusés en plaçant par exemple des dragons mangeant les oreilles d'un avare pour punir le radin d’avoir
été sourd aux prières des miséreux. L’autre
intérêt touristique et historique de Saint
Pierre, les fontaines salées nous oblige à reprendre la voiture. Hors du
village, et en pleine campagne les indications pour s’y rendre n’encombrent pas le paysage. Mais une fois arrivés, tout est fait pour
faciliter la visite et la rendre agréable : les entrées acquittées (6 €),
un gardien passionné nous fournit un plan avec des numéros identiques à
ceux plantés sur le terrain pour mieux
se repérer. Nous passons d’abord par le petit musée, il nous instruit sur le lieu et les vestiges mis
à jour, à l’aide d’objets exhumés et de panneaux explicatifs.
« Le
site des Fontaines salées doit son nom à la résurgence de sources d’eau salée
captée il y a déjà 4300 ans au moyen de cuvelages en chêne toujours en place.
Les vestiges d’un vaste établissement thermal gallo-romain daté des 1eret
3ème siècles de notre ère, témoignent de l’occupation
humaine. »
Nous repérons facilement les puits datant de plus de 2000 ans
av JC. Ils sont constitués de troncs d’arbres colmatés avec des algues et
enterrés dans le sol. Des plaques de bois les entourent disposées en soleil.
Aujourd’hui, ils servent de terrain de jeu aux grenouilles. Mais au néolithique, avant d’être réemployés
pour les thermes, quelle fonction
avaient- ils ? Faisaient-ils partie d’un sanctuaire de l’eau ? On
sait que le sel était extrait en versant de l’eau sur la braise, il en
résultait un mélange de sel et de cendres et que l’eau salée voire soufrée
était aussi considérée comme curative. Quant aux
fondations gallo-romaines, elles
ressortent sur l’herbe verte et
marquent l’emplacement des différentes salles typiques de ce genre de construction:
bain chaud, bain froid, bain vapeur, vestiaire, four pour chauffer l’eau... Heureusement,
la brochure d’entrée et les panonceaux
in situ permettent de voir autre chose que des tas de pierres.
Nous
reprenons la voiture et poursuivons la route jusqu’à Saint-Pierre-Perthuis
« la Pierre percée » Ses deux
ponts chevauchent la rivière, La Cure, dans un cadre
des plus agréable. Le plus ancien, le pont de Ternos date de 1770, il
adopte une forme en dos d’âne laissant un étroit passage
pavé pour les piétons ou les animaux. Juste derrière lui, le grand pont en plein cintre le domine. A leur pied, des familles profitent de l’aire de
pique-nique, des enfants sages lisent assis sur leur
pliant. Des jeunes se baignent et
sautent dans les endroits les plus profonds malgré le danger potentiel d’un
délestage d’eau. Des canoës rouges glissent
tranquillement sans gêner les nageurs. Il règne une ambiance bon enfant
bucolique et paisible.
Nous
terminons notre circuit par Montréal.
Ce village médiéval ne propose aucune infrastructure touristique, seule une échoppe d’artisanat apporte un peu de vie et compense le bar
fermé en vendant un choix limité de boissons. Pourtant, il y a quelques belles
maisons, avec des jardins cachés, certaines
possèdent des fenêtres renaissance.
En haut, Le
cimetière repose sous la protection de l’église. Une croix déterrée, cassée
sans doute accidentellement et enfouie a été déposée à l’intérieur de l’édifice
religieux. Elle ne figurait pas sur l’inventaire établi à la fin du
XIX°siècle. Sur ses bras, deux anges
portent l’un la lune, l’autre le soleil.
Nous
consacrons la fin de journée à déambuler dans la vieille ville d’Avallon
http://blog-de-guy.blogspot.com/2021/02/avallon.html à
la recherche de terrasses et de jardins annoncés sur le plan touristique de l’Office
du tourisme. Ou nous ne les avons pas trouvés, ou ce que nous avons vu nous a
paru sans intérêt. Par contre, l’exposition d’artistes locaux logée au grenier à grain nous ravit par sa
créativité sa diversité voire son
humour : bien plus que certaines œuvres muséales.
En ce
dimanche soir, nous n’avons guère le choix du restau et nous dînons à
« l’Horloge » où se rabattent tous les touristes : Martini ou
Americano, salade César ou tartare « italien » (avec tapenade) et un rosé de Coulanges. Nous rentrons juste après à Givry ; les
veaux beuglent à n’en plus finir, séparés de leur mère depuis ce matin, ils
nous tiendront compagnie toute la nuit.
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