vendredi 12 février 2021

Au café, décroissant.

Les bistrots sont fermés, alors depuis les claviers de substitution qu’entends-je ?
Pour l’heure : les milliards tombent et ce ne sont pas quelques inquiétudes d’économistes repris par des économistes qui vont enflammer les foules. Le point d’indice a bien fait un tour, un jour, sur les boulevards, puis « on » est passé à autre chose.
Concernant la prospective, les contours d’un « monde d’après » inscrits dans les perspectives d’antan sont flous. En dehors des feuillets des tribuniciens parlant aux tribuniciens de portables, qui prolonge le débat ?
Depuis mon pas de porte, difficile de voir l’horizon ; les travaux autour du mur de Trump ont été arrêtés, mais les pointillés des frontières deviennent traits continus. Nous éprouvons les limites géographiques d’un monde qui fut jadis à portée de zoom, alors que reviennent à la conscience de tous, les limites de nos ressources naturelles divulguées depuis un demi-siècle. Bornés.
Dans un jeu de focales variables, les critiques n’ont pas manqué envers le centralisme français pendant que le fédéralisme allemand connaissait quelques difficultés moins médiatisées.
Tout rétrécit : la taille de nos photographies, l’épaisseur de nos livres, les articles de journaux résumés à quelques punch line; il n’y avait bien que les films qui prenaient plus de temps, mais pour les matchs, 2 minutes 40 suffisent désormais pour tenir une conversation comme le lecteur de Télérama sans télé qui donne son avis sur chaque émission.
Ces resserrements m’étreignent moins que l’amoindrissement de nos facultés à débattre  http://blog-de-guy.blogspot.com/2021/02/contagions.html 
mesuré sur les réseaux sociaux envahis de trolls. 
Le sujet « Mila » déchaine les barbares masqués usant d’une liberté d’expression qu’ils refusent aux autres, ayant oublié que la peine de mort a été abolie en France. Ils ne peuvent concevoir que les conditions de vie de cette jeune fille sont inadmissibles ; ce sont pourtant eux qui activent les flammes de cet enfer, et se permettent même quelques allusions à la shoah que des modérateurs - qui n’en sont pas - laissent passer. 
Mais quand sont confondus victimes et bourreaux comment ne pas s’obséder devant tant d’indices d’un recul de la civilisation ? L’ignorance ne peut être incriminée, ce serait plutôt le trop plein d’informations qui exacerberait les haines et renforcerait le camp des ennemis du savoir, de la science, des nuances, de la complexité. Et sur ce terrain où la loi dit que le blasphème n’est pas répréhensible en France, ces haineux en meute font que des profs, des journalistes, soient sous protection policière. Ils me semblent même plutôt moins inquiétants parce que visibles et prévisibles, que ceux qui regardent le bout de leurs chaussures en disant il n’y a pas de problème, ou celles qui n’ont que le mâle blanc dans le collimateur.
Jean Claude Carrière:
«  Quand je rencontre un « autre », un différent, et même un opposé, voire un ennemi, je ne songe jamais à le ramener à moi, à l’apprécier, à le juger selon mes critères. Au contraire : j’essaie de trouver en lui ce qu’il y a d’intéressant, de rare, de surprenant. Et de citer Bouddha : « Ton ennemi est ton meilleur gourou. »

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