A travers le récit d’un séjour chez les Dowayo en terre
camerounaise, nous nous retrouvons dans la même position d’observation que
l’anglais qui est venu chez eux les examiner, et nous vérifions que l’humour est
le chemin le plus sûr pour accéder à l’humanité.
« Les anthropologues
se sont assis aux pieds des saints indous ; ils ont vus des dieux étranges
et ont été témoins de rites immondes ; enfin ils se sont rendus bravement
là où nul homme ne s’était aventuré auparavant. Ils baignent dans les effluves
de la sainteté et de la divine gratuité. Ils sont les saints patrons de
l’Eglise anglaise de l’excentricité. Il n’était pas question de laisser passer
la chance de les rejoindre. »
Pendant 261 pages d’aventures se développe une observation fine
des mœurs d’une tribu dont la langue n’est plus parlée que par un petit nombre
de personnes dont le narrateur.
« Une bicoque
miteuse se donnait de grands airs, affublée d’affiches vantant les mérites de
la loterie nationale et les inconvénients de l’analphabétisme. C’était
imparable : « Un adulte illettré est un bon à rien qui reste
inaccessible à l’information. Il freine les initiatives prises pour accélérer
l’accession du pays à un niveau de développement. » Mais qui pouvait lire
cette affiche ? »
Sans chichis.
« Les chiens des
Dowayo n’ont rien de très séduisant. Celui-ci était particulièrement
repoussant. Il n’avait que la peau sur les os, des blessures ouvertes aux
oreilles, noires de mouches, de grosses tiques sur le ventre. Il nettoya l’intérieur du récipient avec ardeur. Après
quoi on me présenta la calebasse remplie de bière. »
Bien des énigmes resteront mystérieuses face à ce type universel
de réponses :
« - Pourquoi-tu
fais ça ?
- Parce ce que c’est
bien.
- Pourquoi c’est
bien ?
- Parce que les
ancêtres nous l’ont dit.
- Pourquoi les
ancêtres te l’ont dit ? (sournois)
- Parce que c’est
bien. »
Cet ouvrage indispensable de 20 ans d’âge est au cœur des
débats de l’heure.
« Un étudiant noir
foulani applaudissait au massacre des blancs au Zaïre sous prétexte qu’ils
étaient racistes. Ils étaient blancs donc ils étaient racistes. Mais lui
éventuellement, est ce qu’il épouserait une Dowayo ? Il me regarda comme
si j’étais devenu fou. »
Ça a l'air très intéressant. Prometteur.
RépondreSupprimerJ'ai bien les moyens de ne pas avoir les étoiles dans les yeux par rapport au racisme... des Noirs, par exemple.
Qu'est-ce qui nous pousse à vouloir croire à tout prix que... les Noirs ou les Pauvres seraient forcément meilleurs que nous ??..
Sur "les amis de Bartleby" il y a un texte limpide et beau de Jacques Ellul qui s'appelle "Trahison de l'Occident", et je partage l'avis d'Ellul qui a écrit ça en 1975.
Comme quoi ça fait longtemps que le déclin s'avance inexorablement, et je n'avais eu qu'un tout petit pressentiment en 1975 quand j'avais...19 ans.
Vertigineux. Comme quoi on ne sait pas ce qu'on voit quand on le regarde...