Rattaché à la famille « Fauve », un an après
l’exposition de 1905 qui consacra le terme pour désigner la première des
grandes avant-gardes picturales, Cornélis rebaptisé Kees est né dans la
banlieue de Rotterdam, il obtient la nationalité française en 1929 et meurt à
Monaco à 91 ans.
Cet « Autoportrait » a été retravaillé,
de la sorte avait-il essayé de recréer sa propre légende comme si la révélation
de sa vocation avait jailli à 25 ans, il
avait débuté comme dessinateur. Sa haute silhouette apparaît à contre jour,
le Néerlandais à Paris est fier de venir du pays de Van Gogh qui commençait-il
était temps- autour de cette fameuse année 1905, à connaître une certaine
notoriété.
Il travaille à « L’assiette au beurre » pour
laquelle il illustre la vie du monde de la nuit à Montmartre sous les premières
lumières électriques, où la pauvreté et la prostitution occupent toujours les
rues.
Il connaissait les « Filles et souteneurs au moulin
rouge. » de Steinlein
aux traits anguleux, aux couleurs
austères des écoles hollandaises.
Il fréquente les milieux anarchistes : « Les Batteurs de pieux »,
de Maximilien Luce qui l’a
accompagné, portent
les coloris purs de la technique divisionniste.
Parmi tant de représentations du bâtiment construit après
l’écrasement de la Commune, son « Sacré cœur » impressionne.
La brosse épaisse, les couleurs appliquées avec intensité
rendent bien le mouvement de « La Mattchiche», danse
provocatrice où cavaliers et cavalières aux traits stylisés comme des
égyptiens se tiennent de près.
Il s’impose dans ce Paris qui attire les artistes du monde
entier. « Le Carrousel » est saisi dans sa frénésie tourbillonnante sous
des touches dissociées qui dilatent l’effet spatial.
Le tableau gigantesque « A la Galette » a été découpé en six. Les cadrages sont
intéressants avec des touches de peinture dont les lèvres accrochent les
éclairages et des personnages qui sortent du cadre comme les ouvriers sortant
des usines Lumière sortaient du champ.
La « Femme fatale »
provocatrice sous son extraordinaire chapeau a des reflets verts qui font
ressortir les rouges, l’intention du « nègre blanc » était de« Peindre les femmes plus minces et leurs bijoux plus gros. »
Au bateau-lavoir fréquenté par Marie
Laurencin et son compagnon Apollinaire, Max Jacob, il partage les mêmes modèles
avec Picasso.
Le « Portrait
de Fernande Olivier » aux yeux charbonneux, nimbé dans un halo est
sculptural, à la Cézanne.
« Les lutteuses de Tabarin »
où jouent courbes et contre-courbes est moins contondant que « Les demoiselles d’Avignon »
de son voisin, bien que les couleurs soient proches.
Il fait un séjour en Espagne et au Maroc, «
Le doigt sur la joue » rappelle Matisse et ses contrastes
chromatiques. Les regards ténébreux de tant de ses portraits font écho parfois
au cubisme en plus lisible et plus sensuel.
« La gitane »
est aussi dans la jubilation de la couleur.
L’« Andalucia » porte
bien le châle.
Il lui a été reproché que la « Femme
au jabot » soit par trop décorative,
mais que peuvent dire les
éminences critiques de « Tanger » ou la
simplification cubiste va de soi ?
« Souvenir de la saison russe
d’Opéra » célèbre un art qui se renouvelle, les ballets de Diaghilev, et flirte avec l’abstraction
avec ces ondes accentuant un effacement des repères.
Avant le dépôt du label, « art déco », sa « Femme
sur fond blanc » est dans un air du temps où le couturier Paul
Poiret qu’il fréquente, retire les corsets et habille les corps minces de
tuniques fluides.
« La parisienne » et son petit chien est encore plus
radicale
que la femme sous son chapeau appuyée à « La balustrade »
avec une compagne pour illustrer le terme de « métonymie » quand le
tout peut être défini par une partie.
Guus, sa femme est « La Femme aux pigeons », remarque-t-on les oiseaux ?
« Van Dongen est en
train de perdre aux yeux des artistes ce qu’il gagne aux yeux du demi-monde, ou
peut-être même du monde en plein, je n’ai pas très bien su distinguer,
d’ailleurs c’est la même chose. Son « Portrait
de Rappoport » seul possède quelques-unes des qualités par lesquelles
ce peintre valut ». Artaud
« Anna de Noailles »
première femme commandeur de la Légion d’honneur compte dans le Paris mondain,
son portrait dans les gris bleutés date de sa « période cocktails », loin
du monde de ses débuts fauves teintés alors d’expressionnisme allemand.
Il fut un seigneur de la nuit, donnant des fêtes
somptueuses, « Autoportrait en Neptune ».
Mais il subira un ostracisme de tout le milieu après son
voyage à Berlin, à l’invitation de Goebbels, même si la libération d’autres
artistes était dans ses préoccupations avec ses compagnons d’alors Vlaminck et Derain.
Il se retire dans le midi où il continue à peindre ; ce
« Portrait
de B.B » est
« pop ».
« J’aime ce qui
brille, les pierres précieuses qui étincellent, les étoffes qui chatoient, les
belles femmes qui inspirent le désir charnel. La peinture me donne une
possession plus complète de tout cela, car ce que je peins est souvent la
réalisation obsédante d’un rêve ou d’une hantise… »
En voilà un peintre...original, si je puis dire.
RépondreSupprimerJ'aime bien sa célébration de la femme, et le fait qu'il se connaît, et n'a pas d'autre ambition que de célébrer.
C'est un beau destin, d'ailleurs, et qui dépasse, dans ces toiles, une dimension d'art "décoratif" qui est souvent un insulte, d'ailleurs.
Honte sur Artaud avec son jugement pisse vinaigre...
Debbie n'aime pas les revendications de pureté, quelles qu'elles soient, d'ailleurs.
La pureté... ne nous agrandit pas...et sa recherche rend souvent pisse vinaigre.