Il fallait bien 460 pages pour écrire brillamment tout
ce que le destin du romancier, aviateur compagnon de la Libération, devait à
l’amour de sa mère !
« Je laisse
volontiers aux charlatans et aux détraqués qui nous commandent dans tant de
domaines le soin d’expliquer mon sentiment pour ma mère par quelque enflure
pathologique : étant donné ce que la liberté, la fraternité et les plus
nobles aspirations de l’homme sont devenues entre leur mains…»
Cette mère qui pensait que « La France, c’était ce qui se faisait de mieux. »
Il deviendra ambassadeur.
« Elle aimait la
France sans raison aucune, comme chaque fois qu’on aime vraiment »
Le recul, l’humour, sont au rendez vous, pour nous permettre
de nous enivrer sans vergogne d’idéal, de passions, de rêves, d’excès, de
dérision. C’est que le programme de défiance envers le dieu de la bêtise, celui
des vérités absolues et de la petitesse, génère en abondance des anecdotes
passionnantes.
Le résistant de la première heure a joué sa vie, il peut se
montrer magnanime :
« Je comprends
fort bien ceux qui avaient refusé de suivre De Gaulle. Ils étaient installés
dans leurs meubles, qu’ils appelaient la condition humaine. Ils avaient appris
et ils enseignaient « la sagesse », cette camomille empoisonnée que
l’habitude de vivre verse peu à peu dans notre gosier, avec son goût doucereux
d’humilité, de renoncement et d’acceptation »
Gary (« feu » en russe), lui « le mangeur
d’étoiles », a le sens des formules, il a « feint l’adulte », tout
en se gardant de se mettre « à l’abri de la réalité ».
« Tout ce que la
vieillesse a appris est en réalité tout ce qu’elle a oublié »
D’une de ses nombreuses conquêtes :
« Je lui avais
même fait apprendre par cœur des passages d’ « Ainsi parlait
Zarathoustra » et je ne pouvais évidemment me retirer sur la pointe des pieds…
Elle n’était pas à proprement parler enceinte de mes œuvres, mais les œuvres
l’avaient tout de même mise dans un état intéressant. »
De Malraux :
« Avec le Chaplin
de jadis, il est sans doute le plus poignant mime de l’affaire homme que ce
siècle ait connu. Cette pensée fulgurante, condamnée à se réduire à l’art,
cette main tendue vers l’éternel et qui ne peut saisir qu’une autre main
d’homme… »
Tant de ses compagnons sont disparus, que leur recension en
devient lassante, lui même a échappé
plusieurs fois à la mort, aux maladies, après une extrême onction de plus pendant
une agonie qui n’en finissait pas, il s’en sort : « Tu as l’air de tenir à la vie » lui dit un ami venu
l’assister dans ce qui n’a pas été son dernier instant.
Roman Kacew s’est suicidé en 1980.
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