Décor blanc élémentaire, dès les premiers pas, j’ai
marché : sous des lumières changeantes, caressantes, un soliste danse
comme un pantin désarticulé sur une musique mécanique, répétitive, s’évadant
parfois. Il va être rejoint par une quinzaine de danseurs qui déchainent un feu
d’artifice de gestes inventifs, à deux, à trois, à plus, à tous, tout en
exprimant à mon sens, un sentiment poignant de solitude malgré des chaines qui se
tricotent harmonieusement. Les rencontres sont furtives, ils fuient, se
rattrapent. Le désordre est rigoureux et
je m’étonne à chaque fois des capacités de mémoire corporelle des artistes.
Alors qu’au même moment les
professionnels du rugby étaient au stade des Alpes où ils ont préparé des
combinaisons savantes que l’adversaire déjoue parfois, ici on ne voit aucune
couture et les mouvements d’une folle intensité sont d’une fluidité enjouée.
Heureusement que des moments de calme arrivent tant la
tension est forte, le rythme acharné, les impulsions, les courses, multiples.
La deuxième partie du spectacle de 1h 25 intitulée
« Tout autour » met en jeu 24 danseurs, cette fois en chaussettes
après les pieds nus du premier épisode « Tenir le temps ».
Les titres généraux ambitieux ne rendent pas compte de
l’originalité de la démarche d’Ouramdane déjà vu http://blog-de-guy.blogspot.fr/2015/12/sfumato-rachid-ouramdane.html qu’on peut se réjouir de son installation ici
où il dirige avec Yoann Bourgeois le Centre chorégraphique national de
Grenoble.
En cette époque restrictive, l’effet de masse est
spectaculaire quand hommes et femmes habillés de marron ou de vert se croisent,
se roulent au sol, virevoltent. Quand on s’aperçoit vers la fin que le piano
joue tout seul, on se demande depuis combien de temps, tellement on a pu être
pris entre suivre un individu ou l’ensemble qui peut se voir comme des
barrettes ondoyantes d’un graphique ou des curseurs : des machines
émouvantes.
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