Je m’étais demandé pourquoi les noms du dessinateur et du
scénariste étaient plus en évidence que le titre de l’édition intégrale.
C’est que les pères acteurs de cette guerre sans nom ont
inspiré ce récit dont la préface de Benjamin Stora valide le travail minutieux des
fils qui fournissent des annexes copieux.
En 1957, une section de vingt-deux hommes a disparu en
Kabylie, un autre groupe de militaires part à leur recherche, en se comportant
parfois de façon très brutale à l’égard des populations.
Azrayen est le surnom du lieutenant disparu, « l'Ange
de la Mort », amant d’une institutrice berbère qui
participe un moment aux recherches, elle n’a pas la langue dans sa poche :
« C'est vous qui parlez de civilisation ?
Vous qui rasez des villages entiers ? Vous qui déportez leurs habitants
dans des camps immondes ? Vous qui torturez les patriotes dans le secret
de vos caves ? »
Mais le propos n’est pas manichéen :
« A quoi bon un
pays débarrassé de l'occupant s'il y règne encore la tyrannie des coutumes et
des barbaries d'un autre âge ? »
C’est l’hiver et parmi les pierres et la misère, la
situation de guerre parait encore plus insensée pour les colonisés et les
occupants : qu’y a-t-il à gagner ?
Violence et incertitudes : un scénario bien
mis en valeur par des dessins nerveux et des couleurs au réalisme sonnant
juste.
Le meilleur remède contre la.. "foi" dans le progrès, quel qu'il soit : l'adage de La Fontaine, qui a du la piquer à la Bible, qui a du la piquer au Paléolithique, déjà : "Le mieux, c'est l'ennemi du bien."
RépondreSupprimerAmen.