La conférence tenue par Christian Loubet aux amis du Musée
était titrée : « l’enfer derrière la porte », allusion à « La
porte de l’enfer ». Cette
forme de répertoire d’Auguste, aux 200 figures prit 20 ans pour être édifiée.
Camille vécut l’enfer, internée pendant 30 ans après la décision de son frère
Paul, le poète, qui ne vint la visiter que 13 fois à l’hôpital de Montfavet et
sa mère jamais.
Rodin né en 1840, est myope, il suit les cours de la petite
école impériale de dessin, mais échoue aux Beaux Arts. Il envisage de rentrer
dans les ordres lorsque sa sœur ainée, recluse au couvent après une déception
amoureuse, meurt à 25 ans. C’est alors qu’il rencontre Rose Beuret qu’il
n’épousera qu’à la veille de leurs morts, sans avoir reconnu leur fils
handicapé. Elle a été son modèle dans un buste charmant, sous son chapeau
fleuri ou en déesse de la guerre pour la mairie du XIII°.
Il travaille comme modeleur dans l’atelier Carrier Belleuse et
découvre l’Italie de Michel Ange.
Sa première réalisation personnelle « l’âge
d’airain » doit symboliser la défaite de 70, et c’est un sursaut
qui se dégage de la représentation. Il lui est reproché d’avoir effectué une « surmoulure »,
moulure sur un corps.
« Monté sur les épaules » de son maître Florentin,
dont il imite intelligemment la dynamique athlétique, son Saint Jean Baptiste
sera critiqué mais son « Homme qui
marche », au non finito
dynamique, accompagnera Giacometti.
« Le penseur » mélancolique est au centre de « La porte de l’enfer », dont il ne
voit pourtant pas les corps tomber dans les étages inférieurs. Cette œuvre
gigantesque, 6m de haut, destinée au musée envisagé à Orsay, surmontée par les
trois ombres, trois formes d’Adam, est inspirée de la divine Comédie de Dante,
faisant le pendant de la porte du Paradis de Ghiberti. Un exemplaire du penseur
siégeait au Panthéon pendant la guerre de 14, un autre veille sur sa tombe depuis 1917. Huit
tirages poinçonnés aux dimensions diverses pouvaient provenir de l’original
moulé en plâtre puis coulé en bronze, c’était la règle. Dans l’ atelier qui a pu compter 50 assistants
dont Bourdelle, le secrétariat de Rodin,
dysorthographique, comportait 22 personnes dont Rainer Maria Rilke.
Dans le foisonnement des personnages des panneaux exposés au
Musée Rodin où Adam se déhanche, Eve repliée,
Icare prend il son vol ?
Un « baiser » chaud évoque Klimt qui
n’est pas qu’une icône byzantine.
« Je suis belle,
ô mortels! Comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun
s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer
au poète un amour
Eternel et muet ainsi
que la matière. » Baudelaire, dont Rodin illustrera une édition des « Fleurs
du mal »
A 19 ans, Camille Claudel, rejoint Auguste. http://blog-de-guy.blogspot.fr/2012/09/camille-claudel.html
Leur passion dura 10 ans. Elle a inspiré ou discuté nombre
d’œuvres. Rodin est reconnu, sa manière sensuelle, Camille plus spirituelle.
Quand elle réalise le buste de Rodin c’est du Rodin, mais
son « Sakuntala » (l’abandon),
est personnel : la femme accueille
l’amant qui revient et va l’aspirer dans le nirvana.
Au château de l’Islette, elle sculpte en marbre « La
petite châtelaine ». Etait-elle là pour un avortement ?
Dans leur atelier commun, ils reçoivent Debussy, et après la
vague de Hokusaï, avec ses petites « Baigneuses » insouciantes, elle
allie l’onyx au bronze.
Quand leur relation s’effiloche, les amants semblent
s’arracher du sol dans le mouvement instable
et sublime de « La valse »
« Clotho » est une caricature de la
vieillesse, alors que la belle « Heaulmière » de Rodin est plus
dans l’empathie : ils avaient 25 ans de différence d’âge. Dans « L’âge mûr », une des dernières
œuvres de la jeune femme, la jeune fille essaie de retenir l’homme, mais
celui-ci se laisse entrainer par la mort : terrible autobiographie.
Sublime, la « Danaïde » d’Auguste, réalisée
en taille directe, condamnée à remplir éternellement une jarre sans fond, après
avoir tué son époux, est désespérée.
« Balzac »,
traité de « larve germanique », représente bien toute la condition
humaine, « Le cri », expressionniste précède celui de Munch, les
« Bourgeois de Calais » à la gestuelle exagérée, vont vers leur
destin.
Les dessins vibrants du père de la sculpture moderne cherchent les
volumes et les volutes de danseuses Cambodgiennes. Avec Nijinski et Isadora Duncan,
il saisit encore des mouvements qui en
font un des pivots essentiels du siècle quand d’un geste nait un monument ou un
bijou.
Germaine Richier et Louise Bourgeois sont les descendantes
de Camille Claudel et Auguste Rodin.
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