samedi 15 mars 2014

Vie et destin de Célestin Arepo. Jérôme Millon.

Choisi par les libraires, ayant recueilli des critiques élogieuses, ce livre de 120 pages, qui m’a été offert car j’avais croisé il y a longtemps le petit garçon devenu désormais éditeur et écrivain à son premier ouvrage, ne m’a pourtant pas convaincu.
Quand le Monde évoque « son écriture aux accents flaubertiens », je ne suis pas sûr que tout aurait résisté au gueuloir :
«  Le Père dévisagea Célestin et fut rassuré de ne déceler aucun stigmate de ces exaltés, nihilistes agressifs, toujours prêts à enfoncer un coin dans le mur de la certitude. »
Bien que j’ai aimé, par exemple « la mélancolie, fleur si délicieusement effeuillée »  fleurissant dans un environnement mi mystique, mi poétique, flou.
Célestin Arepo est comptable dans une usine de roulements à billes et s’habille en gris, sa vie est terne. Le récit de cette existence à l’imparfait en épouse la monotonie même lorsque l’homme sans fantaisie va subitement connaitre la révélation de la poésie en regardant les nuages. Les mots vont avoir plus de saveur que les personnages traités comme des silhouettes.
AREPO figure dans un palindrome à Pompéi mais aussi en marqueterie sur une porte au coin de la rue JJ Rousseau en face de chez Arthaud  à Grenoble : « Sator arepo tenet opera rotas »  à disposer en carré, à lire dans tous les sens, mot croisé parfait sans case noire « Le laboureur Arepo guidant la charrue travaille en tournant. » J’ai l’impression que ce jeu de lettres avec le « N » au centre signifiant poisson en araméen a été un déclencheur d’écriture pour l’auteur curieux aimant Pompéi, les vieux livres, La Salette  et les retables mais les reliant à mon goût d’une manière un peu artificielle.  La littérature cherche ses mots pour dévoiler le monde, mais parfois - je sais de quoi je parle- elle le brouille aux yeux des lecteurs. Pourtant la question posée par Rose la serveuse latiniste : « êtes-vous croyant ? » méritait bien quelques temps de réflexion. L’histoire se passe au début du siècle dernier.

1 commentaire:

  1. ah... mais des fois dans un monde où on est aveuglé d'une clarté qui n'a rien d'obscur, un peu d'épaisseur, un peu d'ombre fait du bien. La littérature n'a pas toujours besoin de.. dévoiler ?... ou révéler ?
    Je te fais confiance pour ta critique pourtant. Merci.

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