« Nous nous sommes réfugiés dans ma
chambre pour y boire le vin de palme. Il feuillette les carnets ouverts sur mon
lit, la petite pile des livres de Schweitzer. J’ai lu plusieurs de ces livres
avant de rencontrer son successeur, imaginant qu’il avait pu quant à lui s’enfiler
l’œuvre intégrale avant de prendre ses fonctions. Combien sommes- nous à le
lire encore ? On peut s’étonner de la disparition quelques années après sa
mort d’un nom qui fut connu de tous sur la planète. S’enfoncer dans les jungles
au hasard des méandres des fleuves immenses et lents, en grand appareil, le
regard halluciné, dans le vacarme des singes et des oiseaux. Arracher de son
torse les flèches empoisonnées. Songer à la gloire, à l’oubli, aux mausolées.
Vides, pour la plupart. »
Léger et puissant, quand le courage côtoie l’indifférence,
la beauté, les marécages, lorsque l’abrutissement vient après la lucidité pour
retenir deux mots de Céline dont une citation ouvre les 345 pages.
Jean Baptiste Harang dit que la parole de Deville : « est drôle et dure, narquoise,
désabusée, élégante, elle dit l’histoire des hommes, elle reconnait notre part
d’ombre, et laisse brûler la part du feu ». Rien à rajouter.
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