Un vieil arménien raconte la guerre civile en 1985 aux
alentours d’Asmara, désormais capitale de l’Erythrée où subsistaient des
souvenirs d’Italie. L’ancienneté d’Hilarion Grigorian autorise la lucidité et
sa situation de trafiquant connaissant le pays le place au carrefour des
cultures. Il ne manque pas de vivacité d’esprit ni de malice pour dénouer des
situations complexes. Et ses informateurs font apparaitre les contradictions,
les motivations dévoyées des humanitaires les plus engagés.
« Mélange
écœurant de grands sentiments et de petites fornications »
Nous sommes au cœur des manipulations les plus cyniques
quand la famine est stratégique.
Nous en apprenons sur cette Afrique :
Un chauffeur vient de tirer un coup de fusil par la
portière.
« Ces chiftas, voyez vous, ils tirent les
premiers coups pour savoir à qui ils ont affaire. Si vous répondez, c’est que
vous êtes armés : ils vous laissent passer tranquillement. Si vous ne
répondez pas, ils font rouler une pierre sur la route et ils vous volent
tout »
Une scène chez le barbier dans un décor désuet où des
décisions s’apprêtent est d’une grande habileté, nous pouvons entendre les
dialogues qui nous mettent dans la confidence.
Et nous en apprenons aussi
pour chez nous :
« Il fut un temps
où une silhouette pouvait emporter avec elle tout un terroir. Trois bretonnes
suffisaient, assises contre un mur, à évoquer autour d’elles les côtes bordées
de granit. »
Quelles perspectives demeurent ? Quand dans ces 300 pages écrites il y a plus de dix
ans, une des voix de l’ambassadeur stylé, assénait :
« Au
lieu de dire que nous ne croyons à rien et que c’est pour cela que nous sommes
incapables de justifier la mort, nous préférons glorifier la vie ». Il n’y
a plus de héros.
Ah oui... plutôt nous n'avons même pas le courage d'admettre que nous chions dans notre froc à l'idée de la mort, de la souffrance, et de la vieillesse que la science médicale nous a concocté pour notre... salut, en considérant notre sort comme la plus grande des injustices.
RépondreSupprimerO, homme... futile.
Oui, il n'y a pas de héros. Il y a des publicitaires...