Ce film interpelle sur la fragilité de nos témoignages, le poids de nos lâchetés, la culpabilité, la tranquillité, les silences.
Il est question aussi de la défausse banale : « je ne veux pas juger » qui ouvre la porte à tous les renoncements et fertilise un monde où n’existe plus ni bien ni mal.
Même si certaines scènes peuvent paraître artificielles, et si parfois moins d’exaltation aurait mieux convenu à l’atmosphère du film, des sujets essentiels sont abordés à la fois personnels et politiques.
Je n’ai pas boudé non plus mon plaisir esthétique où l’océan, le port du Havre, la rue sont davantage qu’un décor.
Quand on entend Apathie, symbole de ces médias donneurs de leçons et ordonnateurs des émotions collectives, nous sommes au cœur de nos quotidiens.
La recherche du coupable du crime est reléguée au second plan, c’est notre position de « voyeur » permanent qui est interrogée alors que les témoins qui n’ont rien entendu sont sous les feux.
Les films que nous consommons à la pelle, ne sont-ils pas des variantes des reconstitutions policières ?
Si j’ai compris après coup les agacements que peuvent susciter le personnage féminin, proclamant son amour mais ne parvenant pas à aider son fiancé, cela n’avait pas perturbé mon intérêt.
La « non assistance » va bien au-delà de celle qui s’est fait poignarder.
J’ai pu approfondir « le syndrome de Kitty Genovese » apparu lors du fait divers qui avait inspiré le livre de Didier Decoin et le film :
plus il y a de témoins, plus la responsabilité se dissout, et moins chaque individu prend ses responsabilités.
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