Je suis entrée à l’école à 6 ans. Cela a été une grande joie pour moi d’apprendre à lire et à écrire. J’y mettais tout mon cœur car je voulais devenir institutrice.
Dans nos jeux nous jouions souvent à ce que nous voulions faire plus tard. Comme c’est bizarre qu’à cette époque on n’avait aucune possibilité de faire des études.
Les quelques institutrices que j’ai eues, je les trouvais déjà âgées.
Peut-être mon imagination d’enfant ?
Le matin on nous faisait d’abord une leçon de morale avec tout ce qui s’en suit. Je trouvais cela très bien car nous étions de petits diables.
Vers l’âge de 10 ans j’ai eu une institutrice qui m’a prise en affection : elle avait peut-être pitié de ma maigreur. Elle habitait dans l’école. Elle me demandait de venir un peu plus tôt le matin et me conduisait chez elle devant un grand bol de lait sucré et des tartines beurrées avec de la confiture. Il ne fallait pas surtout que j’en parle et je m’en gardais bien. Mais Nana a fini par avoir des doutes !
Tous les ans il y avait la fête des écoles. On chantait, on dansait.
Il y avait une sorte de loterie. Le dispositif comportait deux poteaux auxquels était fixée une corde. Les institutrices accrochaient des cadeaux, récupérés auprès de bénévoles, à ce fil. On nous mettait un bandeau sur les yeux. On nous laissait à 7 ou 8 mètres : avec des ciseaux on essayait de couper les ficelles auxquelles pendaient les cadeaux. Une institutrice m’avait mise au courant, me signalant la ficelle que je devais couper. C’est elle qui nous mettait les bandeaux pour sa classe. Naturellement j’avais un œil qui voyait un peu. J’ai fait celle qui hésitait pour ne pas semer le doute. Mon paquet était le deuxième à droite : il y avait un cadeau pour chaque enfant.
Je suis partie avec mon paquet à la maison et quand le l’ai ouvert j’ai trouvé une belle robe bleu marine avec un col blanc. Je m’en souviendrai toujours car je portais les restes de mes sœurs aînées et des fois on avait des colis pour les familles nombreuses. De la Croix Rouge probablement.
Les tabliers noirs étaient obligatoires. Les nôtres étaient tout simples, parfois trop grands, parfois trop petits.
Dans le nombre, il y avait des enfants plus riches, eux étaient plus coquets. Nous, on s’en fichait bien.
Il y avait une école de bonnes sœurs plus bas que la nôtre. C’était pour les classes supérieures, les enfants des commerçants. Mais ils n’apprenaient pas mieux que nous. C’était beaucoup de prières, matin, midi et soir !
Sigh... imaginez un instant un monde où les petites filles (pauvres..) avaient UNE belle robe (du dimanche, la plupart du temps..) et c'était ça, leur unique trésor.
RépondreSupprimerImaginez un peu LE TRESOR qu'était cette robe quand elle était L'UNIQUE. (tiens, tiens, c'est pas pour rien qu'on cause du Dieu.. UNIQUE, d'ailleurs, le Un).
Plus c'est rare, plus c'est précieux, généralement.
Maintenant, fast forward sur notre époque, qui PLAINT BIEN LA PAUVRETE DES PAUVRES qui n'ont pas.. une brouette d'affaires.
Triste de se rendre compte que dans notre bienveillance, nous avons réussi à voler.. jusqu'à la RICHESSE des pauvres, les spolier MEME de la valeur de leur pauvreté.
Triste monde, en fait, je trouve.
Un monde où le droit de travailler se transforme en un clin d'oeil en.. le DEVOIR de travailler.
Au fait... tu ne réponds jamais à mes commentaires, Guy. (Je crois...mea culpa, si je me trompe, là.)
Je ne vois pas l'intérêt de faire un blog si au moins de temps en temps on ne répond pas aux commentaires des lecteurs. Autant.. écrire un livre, et l'envoyer dans le vaste anonymat du grand monde impersonnel où il est consensuel que les lecteurs n'écrivent pas aux auteurs MAIS SUBISSENT LEURS ECRITS SANS DROIT DE REPONSE (bon, d'accord, on n'est pas obligé de lire, mais...).
A mon avis.
Je perçois une moindre vigueur des publications sur les blogs en général et même sur des sites très fréquentés les débats ne sont pas très abondants. D'autant plus: merci de ta lecture attentive, et si bien de tes remarques sont fortes, je ne tiens pas forcément à avoir le dernier mot et souhaiterais bien sûr que d'autres entrent dans le débat.
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