Aujourd’hui nous nous consacrons à Ho Chi Minh. Le taxi nous laisse à proximité du mausolée et nous marchons un long moment en remontant la file d’attente impressionnante pour entrer et prendre notre tour. Un gardien surveille les resquilleurs à tous les points stratégiques, heureusement, car on sent bien qu’autrement… La foule avance régulièrement composée de jeunes, de vieux, de classes sociales des plus mélangées. Nous devons confier sac à dos et appareil photos à la consigne où il faut jouer des coudes pour défendre sa place. La déambulation circonscrite continue, en zig et en zag jusqu’au cube sombre, but de notre « longue marche », toujours encadrés par des soldats habillés de blanc. Ils surveillent la tenue des visiteurs, font enlever chapeau et lunettes de soleil. Après deux étages nous pénétrons dans la salle sombre où est présenté le corps momifié d’Ho Chi Minh, tel un mannequin du musée Grévin. Au centre de la pièce, il est encadré par quatre soldats dans une lumière très douce dirigée sur son catafalque. Le héros international aurait souhaité l’incinération plutôt que cette exhibition idolâtre imposée par le parti. A la sortie la foule nous guide vers la petite maison en bois de l’Oncle Ho, qu’il préféra au palais qu’on lui construisit. On aimerait bien l’investir dans ce parc verdoyant avec sa salle à manger extérieure, abritée sous les pilotis avec ses deux pièces simples : bureau et chambre à l’étage. Membre fondateur du PC français, marin, instituteur, retoucheur de photos, cet homme qui a façonné l’histoire, a vécu modestement jusqu’en 1969, ne trahissant pas son idéal. Toujours portés par la foule nous nous rapprochons du temple du pilier unique détruit par les français avant leur départ et depuis reconstruit au dessus de l’eau. Il fait chaud, la sueur ruisselle. Nous nous dirigeons à pieds vers le temple de la littérature. En passant nous prenons le frais dans une boutique d’art située dans une vieille maison coloniale puis entamons la visite du temple, proche de ceux que nous avions visités en Chine. Il s’agit d’une université ancienne avec des stèles dressées sur des tortues, des cours, un temple dédié à Confucius, des bonzaïs en pot, des salles avec d’énormes piliers et des autels. Des étudiants frictionnent le nez des tortues : si cela suffisait à intégrer des connaissances ! C’est là que nous achetons une marionnette buffle à la couleur passée, marchandée à 15€ au lieu de 25.
Fatigue et faim nous poussent vers une adresse du Routard : restaurant végétarien Nang Tam 79 A Tran Hung Dao qui ne nous revient vraiment pas cher. Bon plan, la patronne parle bien français. Nous roulons en taxi vers le pont Long Biên, anciennement Paul Doumer, construit dans le style d’Eiffel, et le traversons à pied. La voie de chemin de fer en son centre, et deux voies pour les cyclomoteurs et en principe pour les piétons, occupent cet édifice rouillé qui surplombe le Fleuve Rouge, ainsi que quelques vieilles bâtisses en murs tressés et des jardins ouvriers. En retournant vers la gare, point de départ du pont, nous tombons sous le charme d’un couple de jeunes mariés en blanc assis sur les rails sous les ordres d’un couple de photographes accroupis sous un miroir réflecteur, en plein travail artistique ! Déjà nous avions croisé un couple de mariés et leur photographe au temple de la littérature. Il est de coutume de réaliser les photos avant le mariage où elles seront exposées dans toute leur théâtralité. Nous sirotons notre eau fraîche dans une salle d’attente de la gare. Notre nouvelle recherche sera le grand marché Dong Xuan, marché couvert construit par les français. C’est une vraie fourmilière comme un « grand magasin » aux tissus essentiellement sur plusieurs étages. Il semblerait que la fermeture approche car les commerçants comptent leurs sous et remballent les marchandises. Notre itinéraire nous conduit encore dans la rue aux lanternes. Nous nous arrêtons acheter des tampons en bois sympas (30 000 Dongs) avant de terminer à l’hôtel devant bière et jus de fruits. Nous attendons tranquillement l’heure du rendez-vous avec Manh, porteur de nouvelles météorologiques (typhon au Nord Est) et annonçant un retard de près d’une heure du train.
Un minibus pour 15 nous conduit à la gare, héritage français sans grand charme, et assez vite nous pouvons gagner notre wagon aux couchettes molles, heureux de la tranquillité climatisée que nous offre notre cabine privée. La lumière de la couchette est douce.
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