Incendies ici et inondations là, kalachnikovs partout et civisme
en déroute, les médias en vacances se consacrent à l’arrivée du Messie à Paris
et feuilletonnent les manifs antivacc. Et nous de regarder le bout de nos chaussures, derrière
notre tchador.
J’ai toujours été frappé que les conseils de lecture d'été aillent toujours vers la facilité, alors que ce temps vacant peut
être celui de la prise de distance, de la réflexion. Sur le sable ou à l’ombre
il convient de ne pas faire suer le burnou : le burn out guetterait donc
l’aoûtien ?
Depuis nos temps libres, mots piégeux, il est confortable de regretter rétrospectivement que nos universités en vacances se
soient davantage mobilisées pour l’écriture inclusive que pour la baisse de
niveau de leurs étudiants. Dans nos querelles familières nous nous attrapons sur des
détails, faute d’envisager les désastres qui nous dépassent.
200 000 french antitout
font plus de bruit que 3 milliards de personnes qui ont reçu au moins
une dose de vaccin. Entre deux leçons de morale et leur bienveillance de pacotille, les informations négatives dominent. L’indifférence devient une sauvegarde
à l’égard de ce qui nous accable.
J’abuserais volontiers de l’image de la loupe concentrant
les rayons du soleil pour enflammer quelques feuilles, afin d’insister sur la
focalisation à propos des dysfonctionnements de la société. Des atrabilaires mis
en valeur systématiquement nous sapent le moral quand Bigard est pressenti pour
gouverner la France.
Bien qu’ayant si souvent succombé aux délices des gros
traits et des caricatures, je ne m’en repens pas, c'était d'après moi, de
l’humour. Mais je regrette les simplismes présents, les critiques sommaires,
les attaques grossières, les jugements péremptoires.
Dramatisation d’un côté avec pour la moindre piqure de
moustique un appel aux urgences et exhortation à la « révolution » pour
la moindre contrariété, avec par ailleurs renoncement quand les paroles d’un
Taliban ont plus de crédit que celles d’un démocrate. Les genres se mélangent,
l’insignifiant prend toute la place et le grave est traité par-dessus la jambe.
Dans les manifs du samedi, des pancartes aux porteurs imperméables à toute remarque sont tellement excessives qu’elles échappent de toutes façons à la critique tant
elles sont méprisables. J’estime respecter davantage ces personnes en les
critiquant vertement que de gros malins populistes qui les flattent et les
manipulent.
J’ai fait mon temps comme enseignant, et je suis atterré du
manque de culture de certains de mes concitoyens quand est galvaudé aussi
facilement le terme de « Liberté », celui de « dictature » voire le terme « nazi». Qu’est ce qu’on a loupé ?
L’aversion initiale envers les élus vire à un anti
parlementarisme qui ne veut pas savoir que l’incendie du Reichstag accéléra la main mise des nazis - ils ont l'exclusivité du label - sur
l’Allemagne. Une permanence de député, des relais d’information, des lieux de
vaccination ont brûlé en France.
Mais comment prendre du recul au moment où la défiance envers des
organes d’information peut se nourrir du fait de voir certains se contenter de
communiqués de presse, de tribunes violentes s’auto alimentant en véhémentes
réactions sur les réseaux sociaux sous les photos les plus outrancières et les
titres les plus accrocheurs ?
Oui : « Tout
ce qui est excessif est insignifiant. » Talleyrand
Mais quand même :« Aucun péché
n'est anodin. Il est commis contre un dieu infini, et peut avoir de graves
conséquences. Aucun grain de sable n'est insignifiant dans le mécanisme d'une
montre. »Jeremy
Taylor.