Nos incertitudes nous conduisent à rabâcher des évidences,
tant le réel aurait tendance à nous accabler: oui ce festival où ont été
présentés 35 spectacles différents à destination des enfants ne ressemble pas
aux précédents.
Mais justement fions nous aux petits pour porter un regard
dépourvu de la nostalgie où se vautrent les vieux comme moi.
Pour un sondage auprès d’habitués des lieux, mon petit fils accédant
en CE2 m’a dit qu’il avait tout aimé, alors que de plus grandes en instance
l’une d’entrer en CM1 et l’autre en CM2 ont adoré « Kle », tout comme moi.
J’étais hésitant avant de choisir l’évocation par une
compagnie catalane de l’œuvre de Paul Klee, peintre pas forcément facile, mais
quand l’exigence est mise au service de l’inventivité, nous sommes émerveillés.
Le jardinier de « Ito
au pays des sons », nous invite à écouter le monde et ses musiques. Le jury du chapiteau « Coup de pouce » l’a justement distingué.
Également en solo, un jongleur maladroit, dans un « Déséquilibre passager »,
réussit ses tours avec boules de pétanques voire de bowling et emballe un
public qui sait rire : « les enfants m'énervent. » Ceux-ci ne
sont pas pris pour des billes.
Le groupe musical « Méli Mômes » saisit parfaitement les émotions enfantines
quand s’annonce un petit frère ou lorsque un usager du toboggan joue les
braves : « Même pas (mal) ». Cependant se réveillent mes instincts corporatistes
avec « la maîtresse en maillot de bain » alors que l’autorité de l’école
est à poil depuis belle lurette.
Les couples d’acteurs sont nombreux mais jongleries ou
équilibres, voire quelques astucieuses
inventions perdent de leur attrait lorsque des répétitions ne masquent
pas toujours les insuffisances de la trame narrative.
comme les passagers attendant sur un
quai de gare « Pour aller où ?
»
Plus dynamique, le rockeur hâbleur et maladroit dans « Le fabuleux retournement d’Eugène
Ouiski » trouvera sa vocation de clown grâce à son assistante, fine
mouche, devenue, elle, la vedette.
Les « Lombric Spaghetti »
ont le mérite d’essayer des équilibres inédits avec pelles et barrières Vauban
mais leur « Gum over » quelque peu
collant, m’a semblé un peu laborieux. «
Con tenda » un couple également
dans la tension, joue du chapeau comme tant d’autres et leur « roue
cyr » n’arrive pas à nous saisir.
« Les semeurs
de rêves », délivrent un tract conformiste: le bonheur adviendra grâce
aux enfants. Dans un monde devenu végan, les filles pourront enfin exercer la
profession de pirate et les artistes ne seront plus contrariés dans leur
vocation.
Cette tentation de la démagogie se retrouve dans les
interventions du directeur Alain Benzoni dit
« Benzo » qui a eu le mérite de fonder ce festival mais ne se
renouvelle guère. Le slogan choisi pour la prochaine édition, la trentième:
« No culture, cons futurs » me semble un peu poussif et même un peu « con »
pour rester dans le registre de « celui qui dit qui est ».
Ses neuf copains, les happy papis de « Zic zazou » présentent un panorama enjoué de leur carrière pleine d'inventivité avec un
professionnalisme rendant discrets quelques clins d’œil destinés surtout aux contemporains
des Rolling Stones, « Ze end ».
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La photo d'entête a été prise par Mia (10 ans)
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