mardi 7 septembre 2021

Suites algériennes. Jacques Ferrandez.

Il n’y a pas mieux pour évoquer des terres autour de la Méditerranée que ce dessinateur dont la rencontre avec Camus avait été inévitable 
L’Algérie est son affaire, qu’il envisage à travers des personnages parfois antagonistes, mais exprimant les contradictions dans toutes ces histoires dont un des dédicataires disait toujours : « c’est dingue ! » 
Si les aquarelles de paysages que je préfère chez lui se font plus rares, c’est que le propos à travers de nombreuses discussions entre les protagonistes est didactique.
A partir des manifestations pacifiques, «  marque déposée algérienne », du Hirak de novembre 2019, l’auteur, né là bas, remonte à l’année 1962 date de l’indépendance.
Emmenés par des chauffeurs de taxi bavards, nous allons de cimetières en lieux de mémoires déchirées, suivons  des amours distendus entre une belle étudiante et un journaliste ou les rapports compliqués entre un militaire en retrait et une militante pied rouge, dans les occultes coulisses du pouvoir ou dans les bidonvilles de Nanterre quand les Nord- africains sont devenus des Algériens... 
La documentation est au service de la sensibilité de l’artiste.
Lors de son coup d’état Boumediene avait profité du tournage du film de Pontecorvo «  La bataille d’Alger » pour faire entrer ses chars.
Une énorme inscription surmontait le chœur de l’église «  Notre Dame d’Afrique » : 
« Priez pour nous et pour les musulmans » 
Il y a toujours des rêveurs : 
« On ne peut pas le priver de ses racines… moi qui rêvais d’une Algérie qui accepte toutes les parts d’elle-même… la part berbère, juive, carthaginoise, romaine, chrétienne, vandale, arabe, turque et française… »    
Mais une lumière crue est portée aussi bien sur les pouvoirs corrompus qui se sont succédés que sur les partis religieux fascisants.  
«  Le code de la famille est le code de l’infamie ». 
En 1988 « La crise est accentuée par la chute des prix du pétrole, alors que les hydrocarbures représentent 90% des ressources du pays en devises…mais la cause principale de la crise est l’explosion démographique de 9 millions d’habitants en 1962, le pays compte aujourd’hui 22 millions d’habitants dont 75% ont moins de 25 ans. Une jeunesse désœuvrée et exaspérée ayant peu d’espoir en l’avenir, face à une bureaucratie pesante et une vie culturelle inexistante peut expliquer ces émeutes spontanées. »  
 La population a dépassé les 43 millions d’habitants en 2020.

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